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France, emploi des jeunes : vers une détérioration plus marquée ?

13/03/2024
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Après un plus bas (depuis plus de 30 ans) atteint fin 2021, à 16,4% de la population active, le taux de chômage des jeunes (15-24 ans) est, depuis, légèrement remonté : 17,5% au 4e trimestre 2023 (contre 16,7% au 1er trimestre). Ce taux est certes près de 3 points supérieur à la moyenne de la zone euro mais reste nettement inférieur à celui enregistré en 2019 (20,8%).

Les progrès réalisés depuis 2019 l’ont été en raison de deux facteurs, désormais moins prégnants :

- L’apprentissage a bénéficié à près d’1 million de jeunes en 2023, contre moins de 500 000 en 2019, soutenant également le taux d’emploi des 15-24 ans (35,3% au 4e trimestre 2023 contre 29,8% fin 2019). Toutefois, le nombre d’apprentis n’a augmenté que de 5% en 2023, suggérant qu’il commence à plafonner ;

- La raréfaction de la main d’œuvre disponible, avec un taux de chômage des 25-49 ans atteignant au 1er trimestre 2023 un plus bas inédit depuis 2008 (hors période de Covid), soit 6,4%, a pu bénéficier à l’embauche des plus jeunes. Toutefois, le taux de chômage des 25-49 ans a entamé une remontée à 7% fin 2023, qui devrait se poursuivre en 2024 et qui pourrait entraîner dans son sillage le taux de chômage des jeunes.

Surtout, ces progrès n’ont pas modifié la proportion des jeunes ni en emploi, ni en études, ni en formation (NEET, Not in Education, Employment or Training). Fin 2023, celle-ci reste proche de sa moyenne de 2019, à 12,5% dans la population totale des 15-29 ans, après avoir augmenté au moment de la crise de 2008 pour ne jamais redescendre. Cette proportion est aussi près de 4 points supérieure à celle de l’Allemagne (8,6% en 2022). Ainsi, si l’apprentissage a permis de faire basculer des jeunes en formation vers des diplômes plus professionnalisants, son impact sur la proportion de NEET (c’est-à-dire ceux qui ont le plus de difficulté à trouver un emploi) apparait marginal, suggérant la nécessité d’identifier d’autres dispositifs afin de réduire ce phénomène.

Un facteur additionnel pourrait contrarier encore l’entrée des jeunes sur le marché du travail : la difficulté d’accès au logement pourrait en effet s’accroître, dans le contexte d’une baisse marquée de la construction neuve (seulement 299 500 mises en chantier en 2023, un plus bas depuis 1997) et d’un repli encore relatif des transactions dans l’ancien (lesquelles restent comme depuis 2016 près de 3 fois supérieures aux mises en chantier, contre un rapport de 1 à 2 auparavant), ce qui risque de rétrécir le marché locatif. Or, les difficultés d’accès au logement font partie des freins majeurs à l’entrée des jeunes sur le marché du travail.

France : taux de chômage des 15-24 ans et proportion de NEET*
chez les 15-29 ans
LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE