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Emploi en France : le 3e trimestre confirme une situation qui a viré au gris

30/11/2023
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Après plusieurs trimestres de créations d’emploi élevées (89 000 en moyenne entre le T2 2022 et le T1 2023), le 3e trimestre a confirmé la perte de dynamisme observée au 2e (37 000 créations après 27 000). L’emploi salarié dans la construction et l’intérim se contractent. Toutefois, l’industrie continue de créer des emplois (12 000), tout comme les services marchands hors intérim (34 000).

L’emploi salarié a progressé de 37 000 postes en France au 3e trimestre (après +27 000 au 2e), confirmant une nette perte de dynamisme par rapport à la moyenne des 4 trimestres précédents (+89 000 par trimestre). En parallèle, le solde d’opinion concernant les perspectives d’évolution du chômage de l’enquête ménages de l’Insee a rebondi à 27 en novembre (+8 points en un mois, un plus haut depuis début 2019, hors période de Covid) et le climat de l’emploi mesuré par l’Insee a diminué à 101 en novembre, contre 105 en septembre.

La perte de dynamisme de l’emploi salarié s’explique par une inversion de tendance sur une partie des secteurs cycliques : la construction a détruit ainsi 5 500 emplois au 3e trimestre (10 000 en cumulé sur les deux derniers trimestres). L’intérim évolue dans le même sens (-16 000 au 3e trimestre, -45 000 sur les trois derniers trimestres).

L’emploi dans l’industrie, avec 12 000 créations d’emplois au 3e trimestre, enregistre, en revanche, son chiffre le plus élevé depuis le 3e trimestre 2022, un dynamisme qui répond à une pénurie de main d’œuvre toujours importante : elle limite la production pour 16% des entreprises au 4e trimestre 2023 selon la Commission européenne (stable par rapport à il y a un an).

Les services marchands (hors intérim) continuent de créer des emplois à un bon rythme (34 000 contre 24 000 au 2e trimestre), notamment dans la restauration et dans le commerce, même si la réduction des pénuries de main d’œuvre dans les services (14% des entreprises concernées au 4e trimestre, contre 21% il y a un an) augure d’une perte de dynamisme à venir.

Stéphane Colliac

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE