Au 4e trimestre 2019, le Japon a connu une forte contraction de son PIB (cf. graphiques 1 et 2). La croissance s’est établie à -1,6% (en variation trimestrielle non annualisée, t/t), soit la baisse la plus marquée depuis le 2e trimestre 2014 (-1,9%). La demande interne privée explique cette mauvaise performance. La consommation des ménages a tout particulièrement souffert. Au total sur l’année, la croissance japonaise s’établirait à +0,7%.
Chute de la consommation privée, repli marqué de l’investissement des entreprises
L’économie japonaise a connu deux chocs d’ampleur au dernier trimestre de l’année 2019.
Tout d’abord, après avoir repoussé sa mise en œuvre, les autorités ont finalement augmenté le taux de la TVA de 8% à 10% en octobre 2019. Il s’agit de la 3e hausse depuis sa création (1997, 2014 et 2019). Lors de la précédente phase de hausse, les consommateurs japonais avaient déjà nettement coupé dans leurs dépenses. Alors qu’elle a baissé de l’ordre de 3% (t/t) au 4e trimestre 2019, la consommation privée avait diminué de 4,8% au T2 2014 lors du passage de la TVA de 5% à 8%.
Le 4e trimestre 2019 a également été marqué par le passage du typhon Hagibis sur le Japon, dont les conséquences ont été particulièrement dommageables pour la demande interne. L’investissement privé hors résidentiel a, dans ce contexte, chuté de près de 4% (t/t) au 4e trimestre 2019 par rapport au trimestre précédent. La bonne tenue de l’investissement public est loin d’avoir compensé le recul de l’investissement des entreprises privées. Toutefois, l’investissement public devrait rester dynamique dans les trimestres à venir compte tenu de la montée en charge du programme d’investissement annoncé en décembre par les autorités nationales (de l’ordre de 2% du PIB).
Si la contribution des échanges extérieurs (exportations nettes) à la croissance du 4e trimestre 2019 est nettement positive, cela provient uniquement du recul des importations, dans un contexte de forte dégradation de la demande interne. Les exportations ont de leur côté stagné d’un trimestre à l’autre.
La consommation privée japonaise, une fragilité structurelle
En part du PIB, la consommation privée japonaise est relativement faible par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE et, de surcroît, par rapport aux États-Unis (cf. graphique 3). De plus, le poids de la consommation dans l’économie nippone a baissé de façon marquée depuis 2014. À l’inverse, le taux d’investissement total est relativement élevé par rapport aux pays de l’OCDE et aux États-Unis. Ces derniers présentent par ailleurs un taux d’ouverture (Exportations/PIB) moindre que celui du Japon.
Par ailleurs, la consommation des ménages ralentit structurellement au Japon, et ne progresse quasiment plus en moyenne depuis la hausse de la TVA de 2014 (cf. graphique 4). Ce mouvement s’est inscrit dans une tendance à la baisse des salaires nominaux. Depuis fin 2013, ce mouvement s’est inversé mais la dynamique réelle des salaires reste atone (cf. graphique 5).
Enfin, les ménages peuvent anticiper une partie de leurs achats préalablement à la hausse de la TVA. Néanmoins, lors des précédentes hausses, le trimestre suivant n’a pas vu de rebond des dépenses de consommation des ménages (dynamique que l’on peut attendre dans ce type de cas). L’observation du passé n’augure donc rien de très positif pour le début de l’année 2020.
Un début d’année 2020 qui s’annonce encore difficile
La mauvaise fin d’année 2019 d’un point de vue économique pèse déjà sur la dynamique de 2020, l’effet d’acquis étant négatif. Compte tenu de ses relations étroites avec la Chine, l’impact du Coronavirus sur le Japon pourrait être important et transiterait via principalement deux canaux : le commerce (de manière directe ou par le biais des chaînes de valeur) et le tourisme.
S’agissant du commerce, la Chine représente plus de 20% des exportations totales de biens japonais. De par son importance pour l’économie nippone, le secteur manufacturier (environ 20% du PIB japonais) souffrira du ralentissement de la demande en provenance de Chine. Par ailleurs, le contenu de la demande interne chinoise en valeur ajoutée japonaise (et inversement) est loin d’être marginal.