Désormais vaccinée à plus de 55%, la population britannique a cessé de succomber à la Covid-19. Le bilan se stabilise donc à 128 000 morts pour 67 millions d’habitants, ce qui place le Royaume-Uni parmi les pays les plus endeuillés de la planète. Subissant la double peine du Brexit et de la crise sanitaire, l’économie a particulièrement souffert. En 2020, sa contraction a atteint 9,8%, la pire performance des pays du G7 et un record depuis 1920. Au premier trimestre de 2021, le PIB a encore baissé de 1,5%, du fait des restrictions imposées par la seconde vague épidémique et en dépit d’un fort soutien budgétaire (sur un an, la consommation publique est en hausse de près de 5%). Fait remarquable, les exportations ont lourdement chuté (-7,5% au premier trimestre) alors qu’elles résistaient partout ailleurs, notamment dans l’Union européenne (UE).
Les premières conséquences du Brexit, fussent-elles atténuées par des accords de libre-échange, se font donc sentir. Pénalisé par la réintroduction de contrôles aux frontières, au demeurant mal appliqués, le volume du commerce avec l’UE (la moyenne des exportations et importations) est au plus bas depuis vingt ans. La suite dépendra de la capacité de Londres et de Bruxelles à transcrire en actes ce dont ils sont convenus. Pour l’heure, la situation ne pousse pas à l’optimisme. Devenu ministre du Brexit après en avoir négocié les termes, l’Anglais David Frost demande un réexamen du protocole nord-irlandais inscrit dans l’Accord de retrait, ce à quoi la Commission européenne, par la voix de sa président Ursula Von Der Leyen, se refuse. Les licences de pêche accordées par le Royaume-Uni se trouvent assorties de clauses « non prévues » qui en limitent de facto le nombre ainsi que la portée.
Majoritairement hostiles au Brexit, les chefs d’entreprise britanniques n’applaudissent pas moins le recul de l’épidémie et de la levée progressive des entraves qui l’accompagne. Aussi notre baromètre de cette semaine témoigne-t-il d’une très nette amélioration du climat des affaires dans le courant du printemps. En mai, les indices des directeurs d’achat battent même des records, dans les services comme dans le secteur manufacturier. Avec l’amélioration des rapports de mobilité fournis par Google, ils anticipent une bonne reprise d’activité au deuxième trimestre.