Polluer n’a jamais coûté aussi cher. Depuis mi-février 2023, la tonne de CO2 se négocie à plus de 100 euros dans l’Union européenne (UE), une première depuis la création du système communautaire d’échange de quotas d’émission (SCEQE) en 2005.
Bien entendu, les circonstances exceptionnelles des dernières années ne sont pas étrangères aux tensions du marché. La reprise économique post-Covid a entrainé celle des émissions de GES (Gaz à Effet de Serre) et alimenté la demande de quotas. La guerre en Ukraine n’a fait qu’accentuer la pression, propulsant les prix du gaz vers des sommets historiques et contraignant à des arbitrages favorables au charbon.
Mais l’explication ne s’arrête pas là. Depuis quelques années, la réforme du SCEQE est allée de pair avec le renchérissement de la tonne européenne de carbone. La mise en route en 2019 d’une réserve de stabilité, permettant de « stocker » les quotas en surplus plutôt que de les réallouer au marché, a donné l’impulsion. Le signal « prix » s’est encore renforcé en 2021 avec la bascule en « phase IV » du système d’échange. Plus contraignante (elle vise une baisse de 62% des plafonds d’émission en 2030 par rapport à 2005), celle-ci prévoit de supprimer par étape les quotas gratuits d’émission, pour les remplacer à horizon 2034 par un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières.