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Inde : la roupie indienne reste stable en ce début de période électorale

24/04/2024
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Les tensions à la baisse sur les monnaies d’Asie se sont légèrement accentuées la semaine dernière dans un climat géopolitique et monétaire devenu moins favorable. La crainte d’une hausse des prix internationaux du pétrole en raison du conflit au Moyen-Orient d’une part, et le changement de ton de la Réserve fédérale américaine d’autre part, expliquent les récentes tensions. Mais la roupie indienne a, jusqu’à présent, mieux résisté que les autres monnaies d’Asie. Depuis le début d’avril, elle ne s’est dépréciée que de 0,6% face au dollar alors que la roupie indonésienne, le ringgit malaisien et le baht thaïlandais ont perdu entre 1,5% et 2,7% de leur valeur sur la même période. Cette bonne tenue de la roupie indienne s’explique par les interventions de la Banque centrale (Reserve Bank of India) qui dispose de suffisamment de réserves de change pour défendre sa devise. Mi-avril, ces réserves atteignaient USD 564,5 Mds (+48 Mds sur un an), soit plus de 7,6 mois d’importations de biens et services.

La relative stabilité de la roupie reflète aussi la forte croissance de l’économie indienne (attendue à 7,6% sur l’année budgétaire 2023-2024 selon les dernières prévisions du gouvernement) et l’excédent de sa balance des paiements. Les élections générales qui ont débuté le 19 avril et se tiendront jusqu’au 1er juin ne constituent pas une source d’inquiétude pour les investisseurs étrangers. Le parti de Narendra Modi, le Bharatiya Janata Party (BJP), devrait obtenir une large majorité à la chambre basse du Parlement et, ainsi, poursuivre les réformes engagées depuis dix ans pour soutenir la croissance et développer l’industrie manufacturière en essayant de créer un environnement plus favorable aux investissements directs étrangers (IDE). Car les entrées d’IDE restent faibles. Cela pénalise le développement de l’économie. En outre, même si le déficit du compte courant est modeste (0,9% du PIB en 2023), il n’a pas été couvert par les flux d’IDE entrants l’année dernière. Ces flux n’ont atteint que 0,8% du PIB en 2023 (contre 1,5% en 2022). La faible intégration de l’Inde dans le commerce mondial et les contraintes structurelles (qualité de la gouvernance et des infrastructures, niveau de qualification des travailleurs) pèsent toujours sur les décisions d’investissement. Il appartiendra au gouvernement nouvellement élu d’accélérer le rythme des réformes et leur mise en œuvre.

Devises asiatiques contre USD : la roupie indienne résiste mieux depuis 2023
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