Selon notre Baromètre, l’économie allemande connaît un fort rebond. La zone en bleu du graphique, qui représente la situation au cours des trois derniers mois, s’est clairement élargie par rapport à celle du trimestre précédent (zone délimitée par la ligne en pointillés). Les dernières données confirment la consolidation de la dynamique de croissance. En juin, l’indice Ifo du climat des affaires s’est inscrit à 101,8 (2015 = 100), un plus haut depuis avril 2018. Les entreprises se sont notamment déclarées plus satisfaites de leur situation actuelle. La reprise est, par ailleurs, générale, l’indice du climat des affaires affichant une progression dans tous les secteurs.
Le secteur manufacturier a fait état d’un important afflux de commandes, principalement en provenance de l’extérieur de la zone euro. Pour autant, la crise n’est certainement pas terminée dans ce secteur. En juin, les anticipations des entreprises se sont, en fait, détériorées en raison des inquiétudes liées aux ruptures d’approvisionnement en biens intermédiaires. Dans l’important secteur automobile, la production est orientée à la baisse depuis décembre dernier, en partie sous l’effet de la pénurie de semi-conducteurs. À cela s’ajoutent les problèmes liés à la transition énergétique. L’activité a été, en revanche, dynamique dans les industries chimique et pharmaceutique, ainsi que dans les équipements optiques et électroniques.
Dans le secteur du bâtiment, le climat n’a connu qu’une légère embellie, les pénuries de matériaux continuant de poser des problèmes majeurs. De plus, le secteur peine à recruter de la main-d’œuvre qualifiée, une situation qui prévalait déjà avant la crise du coronavirus.
La principale amélioration du sentiment est celle enregistrée dans les secteurs du commerce et des services. Dans les premiers mois de l’année, le commerce de détail a pâti de la fermeture forcée des magasins. Seules les activités de vente en ligne ont bénéficié de ces mesures, augmentant leur chiffre d’affaires de plus de 40 % par rapport à la fin 2019. Ces derniers mois, la réouverture des magasins a stimulé l’activité dans le commerce de détail de sorte qu’en mai et juin, les commerçants ont indiqué, sans surprise, une amélioration notable de leurs conditions d’activité.
Toutefois, il convient de rester prudent dans l’interprétation de ces données, et ce, pour deux raisons. Premièrement, l’économie connaît un rebond, qui, à défaut d’une politique budgétaire très accommodante, pourrait rapidement s’essouffler. Nombre de mesures de soutien seront maintenues au moins jusqu’aux élections législatives fédérales du 26 septembre. Après cette date, il est important que tous les partis politiques soient conscients de la nécessité de former rapidement un nouveau gouvernement pour piloter l’économie dans cette phase difficile de rebond de l’activité. Deuxièmement, une nouvelle vague de contaminations peut facilement faire dérailler la reprise. Aussi les autorités procèdent-elles avec la plus grande prudence pour lever les restrictions liées au confinement.