D’après les données du Bureau de la statistique nationale (Office for National Statistics, ONS), le Royaume-Uni a enregistré une chute de son PIB de plus de 20% au deuxième trimestre, soit la plus grosse baisse en Europe. Sur l’ensemble du premier semestre, seule l’Espagne a fait pire.
Les mesures de restriction ayant été levées pendant l’été, l’activité économique est maintenant logiquement en phase ascendante. D’après les données mensuelles de l’ONS, le PIB a rebondi en mai puis il a continué d’augmenter en juin et juillet. Les indicateurs d’activité économique montrent eux aussi des signes d’amélioration. Les indices des directeurs d’achat (PMI) du secteur manufacturier et de celui des services ont atteint respectivement 55,2 et 58,8 en août – soit des niveaux confortablement supérieurs à 50, qui marque la limite entre détérioration et amélioration des conditions.
Cependant, les indices de confiance des entreprises et des consommateurs britanniques peinent à retrouver leurs niveaux d’avant la crise. Il y a plusieurs raisons à cela.
D’une part, les inquiétudes vis-à-vis de l’évolution de la pandémie demeurent. La résurgence des cas de Covid-19 ces derniers jours a augmenté la peur d’une deuxième vague qui viendrait anéantir la faible reprise actuelle. D’autre part, la fin du programme de chômage partiel (Coronavirus Job Retention Scheme, CJRS), prévue pour octobre, fait craindre une envolée du chômage à la fin de l’année, ce qui s’accompagnerait certainement d’une rechute de la consommation. De fait, selon une étude du Chartered Institute of Personnel and Development et du groupe Adecco, publiée le mois dernier, une entreprise sur trois au Royaume-Uni prévoit de licencier au troisième trimestre.
Pendant ce temps-là, les inquiétudes à propos du Brexit sont revenues sur le devant de la scène. Le Premier ministre Boris Johnson a annoncé que le Royaume-Uni « passerait à autre chose » si un accord n’était pas trouvé avant le 15 octobre. De plus, le gouvernement a présenté cette semaine un projet de loi qui permettrait au Royaume-Uni de rompre avec certains aspects de l’Accord de retrait conclu avec l’Union européenne. Si le but pourrait être d’obtenir des concessions de la part de l’UE, les possibilités d’une sortie sans accord sont bien réelles. En conséquence, la livre sterling s’est dépréciée de près de 4% face à la fois au dollar et à l’euro depuis le début du mois – même si son taux de change effectif reste supérieur à sa moyenne depuis le début de la crise.