Défilés militaires, concerts de rue et concours de pudding : alors qu’outre-Manche, la reine Elisabeth II s’apprête à célébrer avec faste son jubilé de platine (70 ans de règne), son premier ministre, Boris Johnson, est confronté à une actualité moins glorieuse. Fragilisé par l’affaire dite du « partygate » (la tenue en plein confinement de « réunions récréatives » au 10 Downing Street), ce dernier voit sa cote de popularité chuter en même temps que celle du Brexit, dont les supposés bienfaits se font attendre. Un an après la sortie effective du Royaume-Uni du marché unique, le solde d’opinions concernant le cavalier seul britannique n’a jamais été aussi défavorable (50% de la population estime qu’il s’agit d’une mauvaise décision, contre 38% seulement, une bonne, et 12% qui n’a pas d’opinion[1]).
Si le choc constitué par la pandémie de Covid-19 complique son chiffrage, le coût du Brexit n’en reste pas moins évident à travers quelques tendances, à commencer par celle du commerce extérieur. Comparés à leur niveau pré-pandémique, les volumes d’échanges ont chuté, bien davantage que dans n’importe quel autre pays avancé. Alors qu’elles ont globalement rattrapé leur niveau du quatrième trimestre de 2019 en zone euro, les exportations de biens et services à prix constant sont encore en baisse de 21% au Royaume-Uni[2]. Sans surprise, c’est vis-à-vis de l’Union européenne, où les formalités aux frontières (déclarations de TVA, contrôles sanitaires…) ont été rétablies, que le décrochage est le plus sensible.
Les investissements directs ne sont plus, non plus, ce qu’ils étaient. En anticipation du Brexit, les banques étrangères, en particulier américaines, ont eu tendance à réallouer leurs portefeuilles vers la zone euro[3]. Sans aller jusqu’à s’inverser, les flux nets, traditionnellement entrants vers le Royaume-Uni, ont été divisés par huit depuis la victoire du « Leave » en 2016[4]. Le Global Britain, tant vanté par le premier ministre Johnson, est loin de correspondre à la réalité des chiffres.