Graphiques de la semaine

Afrique sub-saharienne : les créanciers multilatéraux redoublent d’efforts pour financer la région

19/12/2023
PDF

D’après le rapport de la Banque mondiale publié la semaine dernière, le stock de dette extérieure de l’ensemble des pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI) s’est contracté en 2022, pour la première fois depuis 2015. Toutefois, ce constat ne s’applique pas à l’Afrique sub-saharienne (constituée exclusivement de PFRI à l’exception des Seychelles) : la dette extérieure de la région a continué d’augmenter en 2022, pour atteindre USD 832,8 mds, un chiffre en croissance de 2,1% par rapport à 2021.
Alors que l’ensemble des PRFI a cumulé des sorties nettes de dette à long terme en 2022, engendrées par un retrait massif des créanciers extérieurs privés, les entrées nettes de dette à long terme en Afrique sub-saharienne sont restées positives. Elles ont néanmoins baissé légèrement, pour atteindre USD 18,2 mds. La région a notamment bénéficié du soutien accru des bailleurs multilatéraux. En effet, depuis 2020 les créanciers multilatéraux sont devenus les premiers contributeurs aux entrées nettes de dette à long terme en Afrique sub-saharienne. D’une part, leur intervention a compensé une partie du déclin des financements à long terme des créanciers obligataires privés dans la région, provoquée par la pandémie et par le cycle de resserrement monétaire mondial. Les créanciers multilatéraux ont également aidé à compenser la baisse graduelle des flux nets de dette à long terme en provenance des créanciers bilatéraux, notamment liée au changement de stratégie de la Chine : en 2022, pour la première fois, les flux nets de crédits officiels à long terme en provenance de la Chine à destination de l’Afrique sub-saharienne sont devenus négatifs (à hauteur de USD 662 mn).
Le service de la dette extérieure de l’Afrique sub-saharienne a atteint un nouveau record de près de USD 79 mds en 2022. Le paiement des intérêts sur la dette, s’élevant à USD 20 mds, a augmenté de 11% en glissement annuel, et devrait continuer de croître en 2023-24 compte tenu des conditions de financement international durablement moins favorables. Alors que l’Afrique sub-saharienne est restée exclue des marchés internationaux de capitaux depuis avril 2022, les inquiétudes portent en particulier sur les pays qui feront face à des remboursements importants d’Euro-obligations en 2024 : le Kenya, la Zambie (déjà en restructuration de dette), ainsi que l’Ethiopie, qui a annoncé la semaine dernière avoir manqué le paiement d’un coupon de son Eurobond.

Flux nets de dette à long terme en Afrique sub-saharienne
LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE