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Nouveau creusement des déséquilibres extérieurs

05/07/2022
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En Égypte, la liquidité en devises continue de se dégrader à un rythme accéléré. L’actif net en devises de l’ensemble du système bancaire (banques commerciales et banque centrale) est fortement négatif (USD -16,6 mds en mai 2022) et dépasse largement le plus bas atteint lors de la crise de 2016 (USD -13,8 mds en octobre 2016).

Cette détérioration n’est pas une surprise et les conséquences de la guerre en Ukraine sur les prix des matières premières n’ont fait qu’accentuer une tendance préexistante. Avec un déficit des comptes courants récurrent et important (au moins USD 20 mds cette année) et des remboursements de dette extérieure significatifs (environ USD 9 mds), l’économie égyptienne dépend en grande partie des flux de capitaux volatils pour équilibrer sa balance des paiements.

Depuis le T3 2021, les investisseurs étrangers sont plus frileux vis-à-vis du risque égyptien, dans un contexte de détérioration du compte courant. Cela s’est traduit par une forte hausse du coût de la dette en devises et par une baisse des investissements étrangers sur les titres égyptiens en monnaie locale. Le déclenchement du conflit en Ukraine a brusquement augmenté le prix de certaines matières premières dont l’Égypte est un importateur majeur (céréales) et a accéléré la sortie d’une partie importante des investisseurs étrangers.

Dans ce contexte, le soutien financier des pays du Golfe, sous forme de dépôts auprès de la banque centrale (USD 5 mds d’Arabie Saoudite) et de prise de participation dans les entreprises locales (USD 1,8 mds provenant d’un fonds souverain d’Abu Dhabi), ainsi que la dépréciation de la livre égyptienne d’environ 15% en mars dernier n’ont pas permis de stopper la détérioration de la liquidité en devises.

Si la situation reste soutenable à court terme (les réserves de change brutes de la banque centrale restent équivalentes à environ 5 mois d’importations de biens et services), un nouveau soutien extérieur est indispensable pour éviter une dépréciation incontrôlée de la livre. Des négociations sont actuellement en cours avec le FMI pour un nouveau programme de soutien comme ce fut le cas en 2016 et 2020. Les pays du Golfe se sont engagés à renouveler leur support, mais sous forme d’investissements directs ou de portefeuille, dont le calendrier reste à définir.

Egypte : actifs extérieurs nets du système bancaire et investissements de portefeuille des non-résidents

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE