Depuis le 21 juillet, « jour de liberté » pour les Britanniques signifiant la levée des dernières barrières sanitaires contre la Covid-19, bars, pubs, restaurants et autres lieux récréatifs font le plein. Longtemps bridé, l’appétit de consommation est tel, que l’offre peine à y répondre ; dans l’hôtellerie-restauration, le personnel disponible fait défaut, les vacances de postes battent des records. En août, ces tensions se sont répercutées sur les prix, en forte hausse. Mesurée à 3,2% sur un an - son plus haut niveau depuis 2012 - l’inflation a largement dépassé les attentes, de même que la limite officielle de 2% fixée par la Banque d’Angleterre. Son gouverneur, Andrew Bailey, est formellement tenu de justifier le dépassement auprès du gouvernement, et de se prononcer quant à son caractère pérenne. Or, selon toute vraisemblance, la remontée des prix va s’accentuer. Les chiffres de septembre intègreront la hausse de TVA (de 5,5% à 12,5%) appliquée au tourisme et à l’hébergement, ceux d’octobre le relèvement des tarifs réglementés du gaz et de l’électricité. Fin 2021, l’inflation pourrait atteindre, voire dépasser, 4%.
La Banque d’Angleterre serait alors incitée à agir. La stabilisation à GBP 895 mds de livres de la taille de son bilan - pratiquement doublée pendant la crise - s’accompagnerait d’une « indication prospective » plus précise quant à la remontée de son taux directeur, actuellement fixé à 0,10%. Reste une condition à ce resserrement : la pleine récupération de l’économie, non acquise à ce jour. Alors que l’activité tourne à 96% de son niveau pré-pandémique, les derniers mètres pourraient être plus difficiles à franchir. À partir de septembre, la consommation se verra retirer quelques béquilles, telles que les aides gouvernementales au chômage partiel. En rognant le pouvoir d’achat des ménages, le rebond de l’inflation pourrait aussi compliquer le rattrapage.