« Stratégie nationale du Lithium »
Mi-juin, le président du Chili, Gabriel Boric a précisé sa « stratégie nationale du lithium ». L’objectif est de positionner le pays comme un acteur essentiel de la production de lithium, un élément clé dans la fabrication de batteries électriques. Aujourd’hui, la production chilienne de lithium représente en effet près de 30% de la production mondiale (soit le deuxième rang derrière l’Australie) et les réserves près de 45% du total des réserves prouvées.
Les détails restent à préciser, mais dans les grandes lignes, le gouvernement souhaite créer une entreprise publique du lithium et mettre en place des partenariats avec des entreprises privées sur tout le cycle productif du minerai. Le projet du président prévoit également une augmentation de la fiscalité des entreprises minières, qui serait applicable dès le début de l’année 2024. Ces recettes supplémentaires devraient contribuer au financement de l’ambitieux programme de transition énergétique gouvernemental.
Accélération de la transition énergétique
Depuis sa prise de fonctions en mars 2022, le président a en effet entrepris d’accélérer la transition énergétique du pays, déjà bien avancée relativement aux autres pays d’Amérique Latine. Grâce à une volonté commune, populaire et politique, le pays a mis en place des politiques de transition énergétique dès le début des années 2010, annoncé sa volonté de ne plus recourir à terme aux énergies fossiles conventionnelles et favoriser le recours aux énergies renouvelables. En 2015, le pays a pris part aux accords de Paris et s’est engagé à atteindre la neutralité carbone en 2050.
Dans son ambitieux programme, le président Boric reprend à son compte les objectifs des précédents gouvernements, en y ajoutant plusieurs points d’étape, tels que la fermeture de la totalité des centrales à charbon d’ici 2030, l’augmentation de l’électrification des usages et la lutte contre la précarité énergétique.
Tous ces objectifs sont repris dans une loi votée en juin 2022. Au-delà des objectifs, la loi propose un de décentraliser la politique climatique. Les actions climatiques ne dépendent plus du seul ministère de l’environnement, mais des autres ministères, des régions, de plusieurs « agences climatiques » gouvernementales, et également pour une large part, du secteur privé.
Le défi de l’hydrogène vert
Enfin, la loi propose une esquisse de stratégie concernant les partenariats public-privé dans le domaine d’exploitation et de production d’hydrogène vert. Cette fois encore, l’actuel gouvernement a repris à son compte les objectifs définis en 2020 par le précédent gouvernement, c’est-à-dire faire du Chili le producteur d’hydrogène vert le moins cher au monde en 2030 et figurer parmi les 3 plus grands exportateurs en 2040.
Cela dit, bien que la qualité exceptionnelle des ressources éoliennes et solaires du Chili soit indéniable, le Chili ne produit pas à l’heure actuelle d’hydrogène à l’échelle industrielle. Une réserve (d’ailleurs valable pour l’extraction du lithium) est au cœur des débats actuellement : prendre en compte la fragilité des écosystèmes dans les nombreux projets, publics et privés.