Basée à Paris, la Direction des Études Économiques de BNP Paribas est composée d’économistes et de statisticiens :
Les Études économiques ont pour mission de répondre aux besoins des clients, des lignes de métiers et des fonctions de BNP Paribas en matière de recherche économique. Notre équipe d’économistes et de statisticiens couvre un nombre important de pays avancés, en développement et émergents, l’économie réelle, les marchés financiers et l’économie bancaire. Ce site, qui présente nos analyses, nos vidéos et nos podcasts, permet de partager le résultat de nos recherches avec tous ceux qui souhaitent mieux comprendre le contexte économique ou qui s’intéressent à des problématiques spécifiques.
+331 58 16 03 63 helene.baudchon@bnpparibas.com
Dans son projet de loi de finances pour 2021, présenté fin septembre, le gouvernement prévoyait un déficit de 10,2% du PIB en 2020 et de 6,7% en 2021 (après un déficit observé de 3% en 2019). Selon les prévisions, le ratio de dette publique devait augmenter de près de 20 points, à 117,5% du PIB en 2020, avant de refluer légèrement à 116,2% en 2021. Ces chiffres hors normes portent la double trace du choc récessif massif au premier semestre 2020, provoqué par la pandémie de Covid-19, et de la réponse budgétaire, également massive, apportée tant pour amortir la crise que pour soutenir la reprise. Leur détérioration devrait s’amplifier avec la recrudescence de l’épidémie à l’automne
Le moteur de la croissance française, la consommation des ménages, serait-il grippé ? Ou, au contraire, était-il en train de repartir ? En 2019, elle a progressé de 1,5% en volume en moyenne annuelle[1], un rythme considéré comme décevant. Pour quelle(s) raison(s) ? Par rapport à quoi ? S’agit-il vraiment d’un rebond de faible ampleur ? Il n’est pas si facile d’en juger : tout dépend de la perspective retenue et du déterminant analysé. Cet article apporte des éléments de contextualisation et de réponses à ces questions. La première partie décrit le rôle de moteur de la consommation des ménages, sa dynamique de croissance, et sa composition. La seconde partie analyse le (manque de) dynamisme de la consommation depuis 2008 en général et en 2019 en particulier
Après un redémarrage rapide en mai et juin, l’économie est revenue à 95% de son niveau normal en août. L’amélioration se fait néanmoins plus asymptotique à mesure que les effets mécaniques du rattrapage s’estompent, et du fait des fortes disparités sectorielles, des contraintes et des incertitudes sanitaires qui persistent. Le rebond au T3 s’annonce toutefois important (de l’ordre de +15% t/t). C’est au T4 que la croissance retomberait comme un soufflé et que se joue la suite de la reprise. D’où l’importance du plan de relance, de son double rôle d’amortisseur des séquelles de la crise et de renfort du redémarrage en cours. Nous estimons son impact sur la croissance en 2021 à +0,6 point, ce qui la porterait à 6,9% après avoir plongé de 9,8% en 2020.
Notre baromètre porte la trace du redémarrage de l’économie française depuis la sortie du confinement le 11 mai dernier...
Après un choc récessif massif, l’économie française donne, depuis mai, des signes d’un redressement assez rapide, au point de réveiller les espoirs d’une reprise en V. Le rebond de l’indice composite PMI de Markit et de la consommation des ménages en biens est spectaculaire et encourageant. Mais il est largement mécanique et va se tasser à mesure que l’effet rattrapage s’estompera. L’écart restant par rapport au niveau d’avant-crise sera probablement comblé plus lentement que le terrain déjà regagné. En cause : l’hétérogénéité sectorielle, le risque sanitaire, les séquelles de la crise. Selon nos prévisions, la reprise aurait un profil en U (-11,1% en 2020, +5,9% en 2021). Nous voyons les risques équilibrés, notamment grâce aux mesures de soutien déjà prises et en préparation.
Encore timide en mai, l’éclaircie conjoncturelle est franche en juin. De par sa construction, notre baromètre n’en porte pas encore la trace, mais elle est aussi remarquable que la chute qui l’a précédée [...]
La vigueur du rebond post-crise dépendra des caractéristiques propres à chaque économie, de la réponse budgétaire apportée mais également du niveau d’intégration du pays aux chaînes mondiales de valeur. Certaines économies de la zone euro présentaient, avant la crise du Covid-19, des vulnérabilités plus fortes. Un niveau de dette ou de chômage élevé pourrait ainsi freiner la dynamique de sortie de crise. Sur le plan interne, les structures sectorielles, de l’emploi et de la consommation seront déterminantes. Une trop forte dépendance au tourisme, secteur durablement affecté, pèserait notamment sur la reprise. Sur le plan externe, un redémarrage lent du commerce mondial pénaliserait les économies les plus ouvertes
La très forte hausse des anticipations d’inflation des ménages est l’un des résultats frappants de l’enquête mensuelle de conjoncture de l’INSEE d’avril 2020. Elle est en complète opposition avec la baisse du solde d’opinion sur l’évolution passée des prix et de l’inflation observée, un grand écart remarquable au regard de la relative proximité habituelle des trois indicateurs. Cette hausse de l’inflation anticipée fait écho au sentiment des Français, évoqué dans les médias, que les prix ont beaucoup augmenté depuis le confinement. Il faut probablement y voir un effet de composition des paniers de consommation et non le signe avant-coureur d’une hausse généralisée et importante des prix
2020 ne sera pas une année de croissance peu élevée mais résistante comme cela était anticipé au trimestre dernier. Il faut désormais s’attendre à un choc récessif massif, provoqué par la pandémie de Covid-19. La perte d’activité économique instantanée directement liée aux mesures d’endiguement est, à ce jour, estimée à 35% par l’INSEE, ce qui équivaut à amputer le PIB annuel de 3 points par mois de confinement. La chute libre du climat des affaires en mars donne aussi un tout premier aperçu de l’ampleur du choc. Un arsenal de mesures a été déployé pour amortir autant que possible ce choc. D’après nos prévisions, le PIB français se contracterait de 3,1% en 2020, plus qu’en 2009 (-2,8%), avant de rebondir de 5,4% en 2021
Au regard des indicateurs économiques représentés sur notre radar, le tableau conjoncturel français se noircit, en partant, précisons-le, d’une situation relativement positive...
En 2019, d’après la première estimation de l’INSEE, le déficit budgétaire français s’est établi à 3% du PIB, surprenant légèrement favorablement par rapport à la cible de 3,1% du gouvernement. Le déficit se creuse de 0,7 point par rapport à 2018, première hausse depuis 2009. Imputable au coût ponctuel de la transformation du CICE en baisse de cotisations, ce creusement était censé être temporaire et suivi d’une amélioration conséquente en 2020. Dans son projet de loi de finances pour cette année, le gouvernement visait un déficit de 2,2% du PIB. Mais la pandémie de Covid-19 a radicalement changé la donne. Dans son projet de loi de finances rectificative pour 2020, présenté le 18 mars dernier, le gouvernement prévoit désormais un déficit de 3,9% du PIB
Au T4 2019 comme sur l’ensemble de l’année, l’évolution de l’emploi et du chômage en France ont surpris d’autant plus favorablement que la croissance, tout en faisant preuve de résistance, a sensiblement fléchi. La première estimation de la croissance au T4 2019 a nettement surpris à la baisse (contraction du PIB de 0,1% t/t) mais l’emploi salarié privé (en hausse de 0,2% t/t, première estimation) et le taux de chômage (-0,4 point, à 8,1%) ont, au contraire, surpris très positivement. Sur l’ensemble de 2019, la croissance s’est élevée à 1,3% en moyenne annuelle, perdant près d’un demi-point par rapport à 2018
La première estimation de la croissance du T4 2019 est ressortie à 2,1% en rythme trimestriel annualisé, en ligne avec les prévisions. L’absence de mauvaise surprise, de même que le maintien de la croissance sur son rythme des deux trimestres précédents (qui correspond d’ailleurs à son rythme moyen depuis le début du cycle mi-2009), constituent une bonne nouvelle. La croissance reste toutefois modérée et, surtout, sa composition laisse une impression mitigée...
Au regard des indicateurs économiques représentés sur notre radar, le tableau conjoncturel français reste assez positif et bien orienté. La plupart se situent en effet, sur la période récente, à un niveau supérieur à leur moyenne de long terme comme celle de court terme (momentum légèrement positif). Plus précisément, les données d’enquêtes (disponibles jusqu’en janvier) envoient un signal plus positif que les données d’activité (moins à jour, le dernier chiffre disponible datant de novembre ou décembre), ce qui est a priori de bon augure pour les perspectives de croissance de début d’année...
Après une année 2019 en demi-teinte, marquée par une croissance peu élevée mais résistante grâce à la bonne tenue de la demande intérieure finale, les perspectives pour 2020 sont à l’avenant. La croissance resterait sur un rythme proche (1,1% après 1,3%). Le rebond de la consommation des ménages s’affermirait, porté par les gains importants de pouvoir d’achat, mais le dynamisme de l’investissement, difficilement soutenable, fléchirait et les exportations resteraient limitées par la faible demande mondiale. En ce début d’année, plusieurs risques baissiers extérieurs ont perdu en intensité (tensions commerciales, Brexit, craintes de récession américaine et allemande)