La très forte hausse des anticipations d’inflation des ménages est l’un des résultats frappants de l’enquête mensuelle de conjoncture de l’INSEE d’avril 2020. Elle est en complète opposition avec la baisse du solde d’opinion sur l’évolution passée des prix et de l’inflation observée, un grand écart remarquable au regard de la relative proximité habituelle des trois indicateurs.
Cette hausse de l’inflation anticipée fait écho au sentiment des Français, évoqué dans les médias, que les prix ont beaucoup augmenté depuis le confinement. Il faut probablement y voir un effet de composition des paniers de consommation et non le signe avant-coureur d’une hausse généralisée et importante des prix. Plus un produit est consommé régulièrement, plus la sensibilité à la hausse de son prix est grande, une sensibilité qui peut être extrapolée, à tort, à l’ensemble des prix. Actuellement, les dépenses sont essentiellement alimentaires et de fortes augmentations de prix sont justement observées dans ce domaine, un résultat de la loi de l’offre et de la demande. A contrario, du fait de la moindre fréquence des pleins d’essence, les anticipations d’inflation des ménages ne reflètent pas la chute des prix du pétrole.