Consommation de services des ménages français : au beau fixe

06/05/2024

Ces dernières années ont vu une substitution s’opérer entre la consommation de biens et celle de services. Cette substitution s’est même accélérée après le Covid, avec la montée de l’inflation et devrait perdurer dans les années qui viennent. Ainsi, si la consommation de biens a reculé depuis début 2022, ce mouvement résulte en partie de cet effet substitution et pas d’une réduction de la dépense des ménages, puisque leur consommation totale est supérieure à son niveau pré-inflation (fin 2021).

Transcription

En 10 ans, la consommation des ménages français s’est transformée : elle a vu la montée en puissance des services.

Si l’on en croit les chiffres de l’Insee, la consommation de services aurait dépassé la consommation de biens pour la 1ère fois il y a 20 ans. Toutefois, l’Insee impute dans son calcul de la consommation des ménages des loyers fictifs aux ménages propriétaires, afin de prendre en compte le bien être que leur apporte le fait de ne pas avoir à payer de loyer. Si on retire ces loyers imputés des données de consommation, pour ne considérer que ce que les ménages dépensent effectivement, la consommation de services reste encore aujourd’hui inférieure à la consommation de biens.

Toutefois, alors que la répartition de la dépense en volumes avait peu évolué entre 2004 et 2014 (56% pour les biens, 44% pour les services), les lignes ont bougé depuis 10 ans, un mouvement enclenché avant-Covid, conséquence de l’uberisation, avec notamment le développement de la livraison à domicile des produits de restauration.

Un mouvement interrompu par le Covid, lorsque le confinement a conduit les ménages à se reporter vers une consommation en magasins. Enfin, suite à la fin des restrictions sanitaires et à l’accélération de l’inflation, le mouvement pré-Covid reprend et s’intensifie.

Au 1er trimestre 2024, la consommation de services a touché un niveau quasi-identique à celui qu’elle aurait atteint si sa croissance pré-Covid (0,5% par trimestre) s’était poursuivie sans accroc après 2019 : autant dire que l’impact de la pandémie est donc totalement effacé. Par contre, la consommation de biens est plus de 5% en deçà de sa tendance pré-Covid.

Les services représentent aujourd’hui 48,7% de la consommation totale des ménages, un niveau inédit. Une montée en puissance des services qui devrait se perpétuer, car elle est l’une des conséquences de la substitution de l’usage à la propriété, appelée elle-aussi à encore se répandre, par exemple dans le transport. A ce rythme, les ménages français devraient consommer plus de services que de biens dès 2026.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE