Ces dernières décennies, l'exposition du secteur manufacturier allemand aux pays d'Asie de l'Est et du Sud, parmi lesquels la Chine, le Japon, et la Corée, s'est rapidement accrue. En 2015 (dernières données disponibles), cette région représentait 20,6% des importations manufacturières de l'Allemagne, contre 18,6% pour la France. De plus, l'Allemagne figure parmi les plus grands pays exportateurs à destination de la Chine. En 2015, les importations chinoises de produits manufacturés se sont élevées à 7,6% en provenance d'Allemagne, contre 2,4% de la France, 1,8% d'Italie et 0,7% d'Espagne. Par conséquent, la forte baisse de l’activité industrielle chinoise a constitué un frein à l’activité manufacturière en Allemagne.
Compte tenu de l’importance du secteur manufacturier allemand, la perturbation a été rapidement transmise aux pays voisins. La demande finale de produits manufacturés en France, en Italie et en Espagne contient respectivement 9,2%, 6,5% et 6,7% de valeur ajoutée en provenance d'Allemagne. Cela souligne l’importance de la reprise de l’industrie manufacturière allemande pour les autres pays européens. Parallèlement, l’industrie allemande dépend également de la demande et des importations de pièces essentielles en provenance de ses voisins.
À court terme, la reprise progressive de l'activité industrielle chinoise est favorable à l'industrie allemande, mais cela ne suffira pas. Les secteurs manufacturiers européens sont tributaires, en grande partie, d’une reprise de la demande sur le continent, qui dépend de la levée des restrictions et de la sortie du confinement.
La crise du Covid-19 a mis en évidence la vulnérabilité des CVM. Ce n'est pas seulement la complexité des chaînes d'approvisionnement qui a retenu l'attention mais également la dépendance des pays à l'égard de la Chine pour certains produits. En particulier, les pays européens questionnent désormais la dépendance du continent à la Chine pour la production de masques et de certains produits pharmaceutiques notamment. Ainsi, la crise a renforcé l'appel à la relocalisation de certaines industries. D'un point de vue environnemental également, le raccourcissement des chaînes de valeur apparaît bienvenu.
Ouverture des vannes budgétaires
L’ensemble des gouvernements ont répondu promptement à la crise en mettant en place en urgence plusieurs mesures budgétaires conséquentes7. Parmi ces mesures, peuvent être distinguées celles représentant une impulsion budgétaire directe (mise en place du chômage partiel, investissements hospitaliers pour faire face à l’épidémie, aides exceptionnelles aux entreprises en difficulté et aux indépendants) et celles parant aux problèmes de liquidité et de trésorerie (prêts garantis par l’État, recapitalisations). Les mesures directes auront un impact fort sur la reprise économique dans le court et moyen terme.