Basée à Paris, la Direction des Études Économiques de BNP Paribas est composée d’économistes et de statisticiens :
« Les Études économiques ont pour mission de répondre aux besoins des clients, des lignes de métiers et des fonctions de BNP Paribas en matière de recherche économique. Notre équipe d’économistes et de statisticiens couvre un nombre important de pays avancés, en développement et émergents, l’économie réelle, les marchés financiers et l’économie bancaire. Ce site, qui présente nos analyses, nos vidéos et nos podcasts, permet de partager le résultat de nos recherches avec tous ceux qui souhaitent mieux comprendre le contexte économique ou qui s’intéressent à des problématiques spécifiques. »
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La vigueur du rebond post-crise dépendra des caractéristiques propres à chaque économie, de la réponse budgétaire apportée mais également du niveau d’intégration du pays aux chaînes mondiales de valeur. Certaines économies de la zone euro présentaient, avant la crise du Covid-19, des vulnérabilités plus fortes. Un niveau de dette ou de chômage élevé pourrait ainsi freiner la dynamique de sortie de crise. Sur le plan interne, les structures sectorielles, de l’emploi et de la consommation seront déterminantes. Une trop forte dépendance au tourisme, secteur durablement affecté, pèserait notamment sur la reprise. Sur le plan externe, un redémarrage lent du commerce mondial pénaliserait les économies les plus ouvertes
La très forte hausse des anticipations d’inflation des ménages est l’un des résultats frappants de l’enquête mensuelle de conjoncture de l’INSEE d’avril 2020. Elle est en complète opposition avec la baisse du solde d’opinion sur l’évolution passée des prix et de l’inflation observée, un grand écart remarquable au regard de la relative proximité habituelle des trois indicateurs. Cette hausse de l’inflation anticipée fait écho au sentiment des Français, évoqué dans les médias, que les prix ont beaucoup augmenté depuis le confinement. Il faut probablement y voir un effet de composition des paniers de consommation et non le signe avant-coureur d’une hausse généralisée et importante des prix
2020 ne sera pas une année de croissance peu élevée mais résistante comme cela était anticipé au trimestre dernier. Il faut désormais s’attendre à un choc récessif massif, provoqué par la pandémie de Covid-19. La perte d’activité économique instantanée directement liée aux mesures d’endiguement est, à ce jour, estimée à 35% par l’INSEE, ce qui équivaut à amputer le PIB annuel de 3 points par mois de confinement. La chute libre du climat des affaires en mars donne aussi un tout premier aperçu de l’ampleur du choc. Un arsenal de mesures a été déployé pour amortir autant que possible ce choc. D’après nos prévisions, le PIB français se contracterait de 3,1% en 2020, plus qu’en 2009 (-2,8%), avant de rebondir de 5,4% en 2021
Au regard des indicateurs économiques représentés sur notre radar, le tableau conjoncturel français se noircit, en partant, précisons-le, d’une situation relativement positive...
En 2019, d’après la première estimation de l’INSEE, le déficit budgétaire français s’est établi à 3% du PIB, surprenant légèrement favorablement par rapport à la cible de 3,1% du gouvernement. Le déficit se creuse de 0,7 point par rapport à 2018, première hausse depuis 2009. Imputable au coût ponctuel de la transformation du CICE en baisse de cotisations, ce creusement était censé être temporaire et suivi d’une amélioration conséquente en 2020. Dans son projet de loi de finances pour cette année, le gouvernement visait un déficit de 2,2% du PIB. Mais la pandémie de Covid-19 a radicalement changé la donne. Dans son projet de loi de finances rectificative pour 2020, présenté le 18 mars dernier, le gouvernement prévoit désormais un déficit de 3,9% du PIB
Au T4 2019 comme sur l’ensemble de l’année, l’évolution de l’emploi et du chômage en France ont surpris d’autant plus favorablement que la croissance, tout en faisant preuve de résistance, a sensiblement fléchi. La première estimation de la croissance au T4 2019 a nettement surpris à la baisse (contraction du PIB de 0,1% t/t) mais l’emploi salarié privé (en hausse de 0,2% t/t, première estimation) et le taux de chômage (-0,4 point, à 8,1%) ont, au contraire, surpris très positivement. Sur l’ensemble de 2019, la croissance s’est élevée à 1,3% en moyenne annuelle, perdant près d’un demi-point par rapport à 2018
La première estimation de la croissance du T4 2019 est ressortie à 2,1% en rythme trimestriel annualisé, en ligne avec les prévisions. L’absence de mauvaise surprise, de même que le maintien de la croissance sur son rythme des deux trimestres précédents (qui correspond d’ailleurs à son rythme moyen depuis le début du cycle mi-2009), constituent une bonne nouvelle. La croissance reste toutefois modérée et, surtout, sa composition laisse une impression mitigée...
Au regard des indicateurs économiques représentés sur notre radar, le tableau conjoncturel français reste assez positif et bien orienté. La plupart se situent en effet, sur la période récente, à un niveau supérieur à leur moyenne de long terme comme celle de court terme (momentum légèrement positif). Plus précisément, les données d’enquêtes (disponibles jusqu’en janvier) envoient un signal plus positif que les données d’activité (moins à jour, le dernier chiffre disponible datant de novembre ou décembre), ce qui est a priori de bon augure pour les perspectives de croissance de début d’année...
Après une année 2019 en demi-teinte, marquée par une croissance peu élevée mais résistante grâce à la bonne tenue de la demande intérieure finale, les perspectives pour 2020 sont à l’avenant. La croissance resterait sur un rythme proche (1,1% après 1,3%). Le rebond de la consommation des ménages s’affermirait, porté par les gains importants de pouvoir d’achat, mais le dynamisme de l’investissement, difficilement soutenable, fléchirait et les exportations resteraient limitées par la faible demande mondiale. En ce début d’année, plusieurs risques baissiers extérieurs ont perdu en intensité (tensions commerciales, Brexit, craintes de récession américaine et allemande)
S’il n’est pas aussi marqué qu’entre 2004 et 2007 (+4,8% par an en moyenne), le dynamisme de l’investissement des entreprises non financières (ENF) françaises depuis 2014 est tout de même remarquable (+3,4%). En 2018, sa contribution à la croissance (0,5 point de pourcentage) a été très légèrement supérieure à celle de la consommation des ménages (à la faveur aussi du manque de dynamisme de celle-ci) et en 2019, sur la base de nos prévisions, elle serait à peine inférieure. Cette configuration où l’investissement des entreprises est le principal moteur de la croissance française est rare
Le positionnement des indicateurs de notre baromètre laisse une impression négative trompeuse. En s’établissant à 0,3% t/t au T3 2019 (première estimation), la croissance française continue, en effet, de faire preuve d’une résistance et d’une stabilité remarquables. Et les perspectives pour le T4 sont à l’avenant au regard du résultat des enquêtes INSEE et Markit sur le climat des affaires pour octobre et novembre
En 2018, malgré un climat social tendu et un environnement économique marqué par l’essoufflement de la croissance européenne, le Brexit et le différend commercial sino-américain, les indicateurs d’attractivité de la France sont restés bien orientés. D’après le baromètre EY en particulier, la France devance l’Allemagne et talonne le Royaume-Uni en nombre de projets d’investissements étrangers (IDE) sur son territoire. Ces projets sont essentiellement portés par l’industrie, le numérique et les services aux entreprises. Cette attractivité de l’Hexagone témoigne de la solidité de ses secteurs historiques, de la densité de son écosystème entrepreneurial et du dynamisme de sa recherche. Les réformes récemment entreprises jouent également favorablement
Dans son projet de loi de finances pour 2020, le gouvernement prévoit un déficit de 3,1% du PIB en 2019 et de 2,2% en 2020 (après un déficit observé de 2,5% en 2018). L’amélioration en 2020 est en trompe-l’œil, comme le creusement du déficit en 2019. Les chiffres de 2020 ne portent plus la trace, contrairement à ceux de 2019, du coût budgétaire ponctuel de la bascule du CICE en baisse de charges. Hors éléments exceptionnels, le déficit budgétaire se réduit de 0,1 point chaque année et atteint 2,1% en 2020. Le nouvel objectif de déficit pour 2020 est près d’un point plus élevé que celui établi il y a un an dans le PLF 2019. Cette dégradation est imputable, dans des proportions équivalentes, à la révision à la baisse des prévisions de croissance et d’ajustement structurel
Les indicateurs de notre baromètre sont moins dispersés qu’il n’y paraît. Situés dans le cadran nord-est, les données d’enquête de l’INSEE envoient un signal positif pour le mois de septembre, tandis que dans le cadran sud-ouest, les données d’activité pour le mois d’août renvoient un signal négatif. Quel signal l’emporte ? Alors que les bons résultats des enquêtes de l’INSEE sont encourageants, l’évolution décevante de la production et de la consommation des ménages en biens est préoccupante. Notre modèle nowcast réconcilie les deux informations. Sur la base des données d’enquêtes et des données d’activité, la croissance estimée est la même pour le T3 : à peine 0,2% t/t. Cela correspond à notre prévision tandis que l’INSEE et la Banque de France viennent de confirmer les leurs, à 0,3%.
L’économie française continue de faire preuve de résistance à en juger la stabilité de la croissance, sur un rythme annualisé d’un peu plus de 1%, et la bonne tenue des enquêtes de confiance et du marché du travail. Les perspectives restent favorables mais elles se sont assombries ces derniers mois avec les signes de récession outre-Rhin, l’accroissement des tensions commerciales et l’incertitude sur le Brexit. Nous prévoyons que l’investissement des entreprises et les exportations fléchissent nettement sous le poids de cet environnement extérieur plus incertain et moins porteur. Mais le tassement de la croissance serait amorti par le rebond attendu de la consommation des ménages, porté par les mesures importantes de soutien au pouvoir d’achat.
La polarisation de l’emploi désigne la déformation de la structure de l’emploi où, conjointement, la part des emplois situés aux deux extrémités de l’échelle des qualifications augmente et celle des emplois intermédiaires baisse. La polarisation prend donc, théoriquement, la forme d’un U. Empiriquement, les données mettent facilement en évidence la baisse de la part des emplois en milieu de distribution (le creux du U) ainsi que la hausse des emplois les plus qualifiés (la « jambe droite »). Cette semi-polarisation dessine une courbe en J, symptomatique de l’effet « revalorisation », c’est-à-dire de l’élévation globale du niveau de formation et de qualification
Le signal envoyé par les indicateurs de notre baromètre reste positif : stabilité des enquêtes de confiance en août (indices INSEE), voire une légère amélioration (PMI) ; baisse plus importante que prévu du taux de chômage au T2 (-0,2 point, à 8,5%) ; rebond, faible mais solide, de la consommation des ménages en biens en juillet (+0,4% m/m) ; légère révision en hausse de la deuxième estimation de la croissance au T2 (+0,1 point, à 0,3% t/t) qui reste ainsi stable par rapport au T1.
Aux signes de stabilisation du début de l’année a succédé une amélioration des enquêtes de confiance. Le redressement du moral des ménages est l’indicateur le plus net et le plus encourageant. Le caractère plus mitigé des données d’activité disponibles vient toutefois tempérer ces signaux positifs et nous amène à anticiper une croissance stable au T2, à 0,3% t/t, soit un sixième trimestre d’affilée sur, peu ou prou, ce même rythme. Cette stabilité, remarquable en soi, et qui perdurerait à l’horizon des prochains trimestres d’après nos prévisions, est à voir d’un bon œil : elle est le signe de la résistance à la baisse de la croissance française. Dans notre scénario, cette résistance indique une certaine efficacité des mesures de soutien aux ménages et aux entreprises.
L’INSEE a développé un nouvel outil graphique, le traceur du climat des affaires, permettant de positionner l’économie française dans son cycle et de suivre la tendance conjoncturelle. Sur la période récente, les évolutions sont assez ramassées et rapides : l’embellie de 2017 a été suivie dès 2018 d’un ralentissement avant un – timide – retour en zone d’expansion depuis début 2019 (proximité de la frontière avec le quadrant « ralentissement »). Ce qui ressort du graphique, c’est donc plus le caractère hésitant, « entre-deux », de la conjoncture française actuelle que son caractère favorable (et résistant)
Le signal renvoyé par les indicateurs de notre baromètre est clairement positif. Seul le PMI composite a surpris défavorablement (51,2) et se situe sous sa moyenne.
Depuis le T3 2018, les créations nettes d’emplois salariés privés augmentent (+31k au T3 2018, + 54k au T4 2018, +66k au T1 2019), une hausse contrastant favorablement avec la stabilité de la croissance sur la période. Près de 900 000 emplois salariés privés ont ainsi été créés en net depuis le creux de 2013. Les perspectives pour 2019 sont encourageantes d’après la dernière enquête Besoins en Main d’Œuvre de Pôle emploi qui fait état d’une nouvelle forte hausse de 15% des intentions d’embauche après +19% en 2018. Ces projets représentent 2,69 millions d’embauches potentielles. Leur nombre progresse dans tous les secteurs et de manière particulièrement dynamique dans la construction, l’industrie et les services aux entreprises
En 2019, les gains de pouvoir d’achat des ménages français sont attendus en forte hausse. D’après nos prévisions, ils seraient proches de 2,5 %, soit la progression la plus importante depuis 2007. Ce gain important a plusieurs origines. Les baisses d’impôts sont la partie la plus visible mais le soutien aux revenus d’activité et les revalorisations de prestations sociales sont également déterminants. Le reflux de l’inflation y participe aussi mais il constitue un facteur réversible, notamment si la remontée actuelle des prix du pétrole se poursuivait.
Selon la première estimation de l’INSEE, la croissance est restée stable à 0,3% t/t au T1 2019, un résultat en ligne avec nos attentes mais qui laisse une impression ambivalente, plus encore que lors des deux trimestres précédents.
Les enquêtes sur le climat des affaires donnent des signes de stabilisation. Les données d’activité pour janvier et février sont plutôt positives. Ces éléments sont compatibles avec le maintien d’un taux de croissance de l’ordre de 1,2%, chiffre retenu pour 2019. Il s’agit d’un rythme peu élevé mais synonyme de résistance dans un environnement marqué par les incertitudes et les inquiétudes. La cause principale de cette résistance réside dans l’impulsion de la politique économique et budgétaire et, en particulier, dans les mesures de soutien au pouvoir d’achat des ménages et le rebond attendu de leur consommation.
En 2018, d’après la première estimation de l’INSEE, le déficit budgétaire français s’est réduit de 0,3 point par rapport à 2017, s’établissant à 2,5% du PIB. Il s’agit d’une bonne surprise par rapport à la cible de 2,7% du gouvernement. Prélèvements obligatoires et dépenses publiques ont vu concomitamment leur poids dans le PIB légèrement diminuer (-0,2 et -0,4 point, respectivement). A défaut de baisser, le ratio de dette publique cesse d’augmenter pour la première fois depuis 2007. En 2018, il se stabilise à 98,4% du PIB. A la faveur du chiffre meilleur que prévu pour 2018, le dérapage, ponctuel, du déficit budgétaire au-delà de la barre des 3% de PIB en 2019 devrait rester contenu.