La première estimation de la croissance française au T3 2021 a réservé une bonne surprise : le rebond du PIB a atteint 3 % t/t, dépassant nettement nos attentes (2,2 %) ainsi que celles de la Banque de France (2,3 %) et de l’INSEE (2,7 %). De plus, la croissance du T2 a été rehaussée de 0,2 point, à 1,3 %. Avec un trimestre d’avance, le PIB français retrouve ainsi quasiment son niveau d’avant-crise du T4 2019, et l’acquis de croissance s’élève à 6,6 %. En moyenne sur 2021, la croissance sera donc très certainement supérieure aux prévisions (6,25% pour le gouvernement, 6,3 % pour la nôtre)[1].
Cette forte croissance au T3 s’appuie sur le rebond marqué de la consommation des ménages (5%) et des administrations publiques (3%) ainsi que sur la contribution très positive du commerce extérieur (0,6 point de pourcentage), portée par la forte progression des exportations (2,3 %) combinée à une quasi-stagnation des importations (0,1 %). Cette dernière apparaît comme le miroir de la contribution très négative des variations de stocks (-0,9 point), les deux évolutions portant probablement la trace des difficultés actuelles d’approvisionnement. La quasi-stagnation de l’investissement (-0,1 %) est la mauvaise surprise du T3. Elle est due à l’investissement des entreprises non financières (-0,1 %) et des administrations publiques (-1 %), celui des ménages restant en hausse (0,8 %). Le point positif est la résistance du dynamisme de l’investissement en services marchands (1,6 %). Mais elle est contrebalancée par le recul de l’investissement en produits manufacturés (-2 %) et en construction (-0,3 %). Cette contre-performance peut être vue comme un simple contrecoup après un T2 très fort. Les déterminants de l’investissement restent favorables. Il s’agit néanmoins d’un point d’attention car on peut aussi éventuellement y voir un signe des difficultés d’approvisionnement et de recrutement et de la poussée d’inflation.
Selon la première estimation de l’INSEE, l’emploi salarié privé a progressé au T3 à un rythme plus normal de 0,5 % t/t (96 000 créations de postes), très inférieur à celui du T2 (1,4 %) et à la croissance du PIB, à la limite de la déception après la série de surprises favorables sur cet indicateur. Selon les critères précédant la crise, un tel chiffre aurait toutefois été jugé très bon et correspond à un rythme vraiment soutenu de créations d’emploi. On peut aussi voir d’un bon œil le redressement sous-jacent de la productivité du travail par tête. Ces bons chiffres de l’emploi s’ajoutent à ceux des demandeurs d’emploi en catégorie A, dont la forte baisse au T3 (-5,5 % t/t) entraîne celle des demandeurs d’emploi toutes catégories confondues (-0,8 %).
Comment se présente le T4 ? Avant même l’accentuation, ces derniers mois, des contraintes d’offre et des pressions inflationnistes, les perspectives de croissance s’annonçaient moins fortes, l’effet de rebond mécanique du T3 se dissipant. Il faut désormais s’attendre à ce que la croissance s’essouffle encore un peu plus. Mais si les risques baissiers se sont accrus, il existe aussi des éléments amortisseurs, dont les mesures dédiées de soutien au pouvoir d’achat (chèque énergie, bouclier tarifaire, indemnité inflation). Le T3 s’est certes terminé sur une note négative pour les dépenses de consommation des ménages en biens (-0,2 % m/m en septembre) et, plus encore, la production industrielle (-1,3 % m/m). C’est visible sur notre Baromètre : la zone en bleu est très nettement en rétraction par rapport à la zone délimitée par le pointillé. Mais le signal reste positif pour le premier mois du T4 au regard des enquêtes sur le climat des affaires pour octobre.