Basée à Paris, la Direction des Études Économiques de BNP Paribas est composée d’économistes et de statisticiens :
Les Études économiques ont pour mission de répondre aux besoins des clients, des lignes de métiers et des fonctions de BNP Paribas en matière de recherche économique. Notre équipe d’économistes et de statisticiens couvre un nombre important de pays avancés, en développement et émergents, l’économie réelle, les marchés financiers et l’économie bancaire. Ce site, qui présente nos analyses, nos vidéos et nos podcasts, permet de partager le résultat de nos recherches avec tous ceux qui souhaitent mieux comprendre le contexte économique ou qui s’intéressent à des problématiques spécifiques.
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Le bilan des indicateurs conjoncturels publiés ces dernières semaines est mitigé. Dans la zone euro comme aux États-Unis, le signal avancé de la plupart des enquêtes de confiance du mois de décembre est encourageant. Mais il reste prématuré d’en conclure que le point bas a été atteint. Les créations nettes d’emplois salariés non agricoles aux États-Unis sont restées robustes en décembre. Mais l’écroulement de la composante emploi de l’enquête ISM dans le secteur non manufacturier interpelle à tout le moins. Les défaillances d’entreprises remontent. La situation économique reste également vulnérable aux tensions géopolitiques. Il n’y a en revanche pas matière à s’inquiéter du rebond de l’inflation en décembre. Et la dynamique apparaît plus favorable dans la zone euro qu’aux États-Unis.
L’inflation a regagné du terrain aux États-Unis et en zone euro au mois de décembre, passant respectivement de 3,1% à 3,4% et de 2,4% à 2,9% en glissement annuel (g.a.). Les points morts d’inflation (obligations à 10 ans) pour les quatre grandes économies de la zone euro ont toutefois reflué en dessous de celui des États-Unis. Le point mort a aussi baissé au Royaume-Uni, où le contexte inflationniste s’est amélioré, même s’il reste plus dégradé qu’ailleurs.
Les derniers chiffres d’inflation des principales économies développées ont permis d’alimenter le déclin des rendements obligataires et ont renforcé la conviction que des premières baisses de taux directeurs interviendront dans le courant du premier semestre 2024, aussi bien aux États-Unis, en zone euro qu’au Royaume-Uni.
L’inflation reste élevée mais, au regard des derniers chiffres publiés pour la zone euro, elle l’est nettement moins et même, à première vue, elle n’apparaît plus si éloignée que cela de la cible de 2%. Bien sûr, il reste encore du chemin à parcourir ; l’incertitude porte notamment sur la vitesse et la facilité avec laquelle le « dernier kilomètre » de désinflation sera parcouru, avant d’arriver à l’objectif de 2%. Il faut s’attendre à ce qu’il le soit lentement plutôt que rapidement, notamment parce que les effets de base favorables sur les prix de l’énergie vont moins jouer.
La consommation des ménages américains se situe, au troisième trimestre 2023, 10% au-dessus de son niveau d’avant la pandémie de Covid-19 quand celle des ménages français est à peine au-dessus (1%). Ce dynamisme outre-Atlantique s’appuie sur une évolution un peu plus favorable du pouvoir d’achat mais, surtout, sur une baisse du taux d’épargne. L’amélioration de la situation sur le marché du travail semble avoir eu plus d’impact de l’autre côté de l’Atlantique. Comme elle est en train de devenir moins favorable et que les ménages américains disposent d’un matelas d’épargne moins confortable pour amortir désormais l’impact du resserrement monétaire, la croissance américaine pourrait perdre un soutien important à l’horizon des prochains trimestres.
Hormis au Japon, l’inflation sous-jacente recule dans la plupart des économies avancées. Le repli est assez généralisé (produits alimentaires, habillement ou encore biens ménagers). Cette dynamique sous-tend nos prévisions qu’aucune nouvelle hausse de taux n’est à prévoir de la part de la Réserve fédérale (Fed), de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque d’Angleterre (BoE). Toutefois, au Royaume-Uni, le maintien des taux ne fait pas l’unanimité au sein du Conseil de politique monétaire (MPC) et une surprise outre-Manche n’est pas à écarter.
La température baisse sur le front de l’inflation en zone euro. À cette bonne nouvelle s’ajoute l’étonnante poursuite de la diminution du taux de chômage (6,4% en août contre 6,7% en début d’année). Mais ces évolutions positives sont contrebalancées par le climat plus frais aussi du côté de l’indicateur du sentiment économique de la Commission européenne (ESI).
Le cycle de hausses des taux touche à sa fin. La poursuite de l’affaiblissement de l’activité économique et de la baisse de l’inflation, que nous anticipons à l’horizon de la fin de l’année, devrait inciter la Fed, la BCE et la BoE à ne plus relever leurs taux directeurs. Un resserrement supplémentaire ne peut toutefois être écarté. Les hausses de taux ne seraient pas suivies tout de suite d’un assouplissement : pour continuer de lutter contre l’inflation, l’action monétaire passerait par le maintien des taux directeurs à leur niveau actuel jusqu’à la mi-2024 d’après nos prévisions. Les premières baisses de taux interviendraient alors pour accompagner le reflux plus net de l’inflation et neutraliser son effet haussier sur les taux directeurs réels
Aux États-Unis, l‘inflation sous-jacente a de nouveau baissé en août, tout comme la croissance des salaires. En zone euro, l’inflation headline est repassée, depuis juillet, légèrement en dessous de la mesure sous-jacente. La situation au Royaume-Uni reste la plus dégradée mais les dernières évolutions sont plutôt positives. Au Japon, le nouveau contexte inflationniste entraîne un réajustement à la hausse des anticipations de marché.
Le chef économiste de BNP Paribas, William De Vijlder reçoit Hélène Baudchon, responsable de l'équipe OCDE des Études Économiques ; Richard Malle, Responsable mondial de la recherche de BNP Paribas Real Estate et François Faure, Responsable Équipe Pays émergents et Risque Pays. En ce mois de septembre 2023, ils font le point sur la conjoncture mondiale dans un contexte inflationniste, de relèvement des taux d'intérêt et de resserrement monétaire des banques centrales
À Jackson Hole le 25 août 2023, Jerome Powell a livré une analyse détaillée de l’inflation américaine. Il a notamment mis l’accent sur les trois grandes composantes de l’inflation sous-jacente qui permettront de suivre les progrès réalisés sur le chemin de la désinflation. On y voit deux tendances encourageantes – la baisse importante de l’inflation des biens (hors énergie et alimentation) et le début de reflux de l’inflation des services liés au logement – mais aussi, et surtout, une troisième tendance, préoccupante : l’absence de baisse dans les autres services.
La crise sanitaire et la guerre en Ukraine ont amené de nombreux pays avancés à reconsidérer leurs chaines d’approvisionnement afin de sécuriser certaines productions stratégiques, en les relocalisant, et de mettre en place un cadre favorable à la transition énergétique et écologique.
Le discours d’ouverture de Jerome Powell au symposium de la Réserve fédérale à Jackson Hole était au centre de l’attention et s'est focalisé sur le court terme et l’inflation. Le message à retenir ? La lutte contre l'inflation n’est pas encore terminée – un message repris et appuyé par Christine Lagarde lors de son propre discours.
La greenflation (ou inflation verte) désigne le plus souvent l’inflation liée aux politiques publiques et privées mises en place dans le cadre de la transition écologique.Adapter les modes de production à des technologies bas carbone, moins émettrices de gaz à effet de serre, demandera, d’une part, des investissements massifs et coûteux qui renchériront le coût marginal de chaque unité produite à court terme et, d’autre part, d’utiliser des matériaux plus rares donc plus chers. Cela créera des pressions à la hausse sur les prix. La transition écologique nécessitera également de jouer sur le « signal prix » : renchérir le prix des énergies fossiles par la taxation (taxe carbone) et les marchés de quotas d’émissions (prix explicite) ainsi que par la réglementation (prix implicite)
Dans les principales économies de l’OCDE, la lenteur qui caractérise la baisse de l’inflation devrait se prolonger, tandis que le ralentissement de la croissance finirait par déboucher, sous l’effet du resserrement monétaire (particulièrement rapide et important), sur une récession aux États-Unis et une stagnation du PIB de la zone euro. Divers facteurs de soutien devraient limiter l’ampleur du retournement mais la reprise qui s’ensuivra serait tout aussi limitée. La lenteur de la convergence de l’inflation vers sa cible de 2% obligerait les banques centrales à garder une politique restrictive malgré un début de baisse des taux au premier semestre 2024.
L’économie américaine continue de croître et de créer des emplois mais à un rythme progressivement plus lent. De plus, la Réserve fédérale n’en a pas tout à fait terminé avec les hausses de taux. Nous continuons d’anticiper une récession, à compter du T3 2023 et jusqu’au T1 2024, sous l’effet du resserrement monétaire. La Fed, qui a opté pour le statu quo en juin, à la faveur d’une inflation qui confirme son reflux, et pour prendre le temps d’évaluer les effets du resserrement monétaire opéré jusqu’ici, procèderait à une dernière hausse de 25 pb en juillet, portant la fourchette des Fed funds à 5,25-5,50%.
Qui, des États-Unis ou de la zone euro, est le plus exposé à la récession ? La première réponse qui vient est : la zone euro. Celle-ci a, en effet, « techniquement », déjà basculé en récession au regard de la double baisse du PIB au 4ème trimestre 2022 et au 1er trimestre 2023. Mais, pour l’heure, cette récession apparaît seulement d’ordre « technique » : la contraction du PIB est, en effet, de faible ampleur et elle n’est pas généralisée à l’ensemble des composantes de la croissance ni aux Etats-membres de la zone euro.
Initialement estimée à +0,1% t/t, la croissance de la zone euro au T1 2023 est désormais légèrement négative, à -0,1% (après un recul de même ampleur au T4 2022). Cette révision en baisse a été entraînée par celle de la croissance allemande.
D’après l’estimation GDPNow de la Réserve fédérale d’Atlanta, la croissance américaine s’élèverait à +0,5% t/t au T2 2023, un chiffre légèrement supérieur à notre prévision et légèrement meilleur que celui du T1.
D’après les dernières données publiées, en zone euro comme aux États-Unis, l’inflation est essentiellement portée par sa composante sous-jacente et donc, à première vue, par la demande. Des facteurs d’offre sont aussi à l’œuvre via la diffusion du choc sur les prix de l’énergie et des matières premières et l’inflation alimentaire. Ces effets de premier tour montrent des premiers signes de dissipation, ce qui devrait tirer plus nettement à la baisse l’inflation à l’horizon des prochains mois. La dynamique des salaires est à surveiller compte tenu de son caractère inflationniste qui serait modeste mais persistant, justifiant la réponse monétaire.
La croissance de la zone euro au 1er trimestre 2023 s’est établie à +0,1% t/t selon les données disponibles. Ce résultat en deçà de notre prévision (+0,3% t/t) déçoit donc, même s’il dépasse notre estimation nowcast (-0,0%). Cette croissance faible vient aussi relativiser l’impression de résistance du PIB signalée par la plupart des données d’enquêtes et d’activité au cours du 1er trimestre.
Au 1er trimestre 2023, la croissance américaine s’est établie à +0,3% t/t. Ce résultat est nettement en-deçà des attentes : le chiffre est deux fois moindre que l’estimation GDPNow de la Réserve fédérale d’Atlanta et que notre prévision (0,6%). La croissance ne serait donc pas si imperméable que cela au choc inflationniste et au resserrement monétaire.
La situation inflationniste actuelle est inédite à de nombreux égards. L’inflation trouve, en effet, une partie de sa force dans la capacité des entreprises à répercuter la hausse de leurs coûts de production dans leur prix de vente. C’est ce que l’on appelle le pricing power. Et cela permet aux entreprises de préserver leurs marges dans un environnement difficile.
La première estimation de la croissance en zone euro au 1er trimestre 2023, publiée vendredi 28 avril, permettra de quantifier la résistance signalée par la plupart des données d’enquête et d’activité disponibles. La croissance devrait être modestement positive (+0,3% t/t, prévision légèrement revue en hausse, à hauteur de 0,2 pp, à la faveur des bonnes surprises conjoncturelles), tandis que notre estimation nowcast est atone (0,0%).
D’après la dernière estimation GDPNow de la Réserve fédérale d’Atlanta pour le T1 2023, la croissance américaine resterait élevée (2,5% en rythme trimestriel annualisé). Le rythme serait quasi identique à celui du T4 2022 (2,6%), comme si la croissance était imperméable au choc inflationniste et au resserrement monétaire.