D’après l’estimation GDPNow de la Réserve fédérale d’Atlanta, la croissance américaine s’élèverait à +0,5% t/t au T2 2023, un chiffre légèrement supérieur à notre prévision (+0,4%t/t) et légèrement meilleur que celui du T1 (+0,3%t/t). La croissance au T1 ayant été largement tirée vers le bas par la contribution négative des variations de stocks (-0,5pp), l’évolution devrait être plus favorable au T2. Si une nouvelle baisse de l’investissement résidentiel ne fait guère de doute (ce serait la 9e d’affilée), la résistance de la consommation des ménages et de l’investissement productif sera scrutée de près. Il sera notamment intéressant de voir si l’investissement en structures enregistre un nouveau trimestre de forte croissance, comme au T4 2022 (+4%t/t) et au T1 2023 (+3%t/t), un regain de dynamisme attribué à l’Inflation Reduction Act.
Ce dynamisme pourrait-il suffire à empêcher une entrée en récession à compter du 3e trimestre 2023 sous l’effet du resserrement monétaire ? La question se pose mais ce n’est pas notre scénario central. Il est vrai que, pour le moment, la conjoncture continue de défier le signal récessif de l’indicateur composite avancé du Conference Board, aussi important soit-il (baisse de près de 9% en glissement annualisé sur 6 mois, indice de diffusion de seulement 20). Mais la détérioration toujours progressive du marché du travail continue de relativiser fortement ce signal récessif.
Du côté du climat des affaires, l’enquête ISM dans le secteur manufacturier s’est peu détériorée en mai (-0,2 point, à 46,9) mais l’indice est bas et sous le seuil des 50 depuis novembre 2022. Dans les services, l’enquête a perdu près de 2 points et atteint, à 50,3, son plus bas niveau depuis les premiers mois du Covid1. En mai, les deux enquêtes de confiance des consommateurs (Université du Michigan et Conference Board) se sont repliées assez nettement avant, pour celle de l’Université du Michigan, de rebondir en juin et ainsi effacer sa baisse.
Les chiffres d’inflation de mai ont été encourageants, avec un reflux net de l’inflation headline (-0,9 point, à 4% a/a) et non négligeable pour l’inflation sous-jacente (-0,2 point, à 5,3% a/a). L’inflation totale revient ainsi à un plus bas depuis avril 2021 et le début de sa grande envolée. Dans ce contexte, la Réserve fédérale s’est autorisé un statu quo sur les taux lors de la réunion du FOMC des 13-14 juin, interrompant une suite de 10 hausses consécutives, démarrée en mars 2022 et cumulant 500 pb. Ce statu quo ne marquerait toutefois pas la fin du cycle compte tenu du niveau encore élevé de l’inflation et de la résistance, à ce stade, de la conjoncture : nous prévoyons une ultime hausse de 25 pb en juillet, portant la fourchette des Fed funds à 5,25-5,50%.
Hélène Baudchon (achevé de rédiger le 21/06/2023)