Les indicateurs du climat des affaires en Allemagne se sont dégradés ces derniers mois, que ce soit l’enquête IFO (91,7 en mai, 5 points en deçà de sa moyenne de long terme, contre 93,4 en avril) ou l’indice ZEW. Ce dernier se redresse légèrement en juin (-8,5 contre -10,7 en mai) mais reste très négatif et continue de faiblir dans la plupart des secteurs industriels, sous le poids d’une baisse de la demande (l’indice sur la situation courante se dégrade en parallèle de 34,8 à 56,5 entre mai et juin). Les nouvelles commandes adressées à l’industrie ont atteint en avril (94,8) un plus bas depuis mai 2013 (hors période de Covid-19).
La confiance des ménages a poursuivi son redressement en juin selon l’indice GFK (-24,2 contre -42,8 à son plus bas en octobre 2022), probablement portée, du moins en partie, par le reflux de l’inflation. Toutefois, cela n’a pas encore eu d’impact sur leurs intentions d’achat : l’indicateur correspondant est même retombé à -16 en mai contre -13 en avril. L’opportunité de faire des achats importants dans l’immédiat (6,3% des ménages en mai) demeure proche de son plus bas niveau historique, sous le poids de la remontée des taux d’intérêt.
La désinflation est désormais notable (6,3% a/a en mai contre 11,6% a/a en octobre 2022), notamment dans l’alimentation (14,5% a/a en mai contre 21,2% a/a en mars) ou même les biens durables (5,6% a/a en mai, contre 6,8% en mars et même 8,1% a/a en novembre 2022). Elle persiste davantage dans les services (4,5% a/a en mai contre 4,8% a/a en mars).
Le marché du travail a été dynamique au 1er trimestre 2023, avec près de 155 000 créations d’emplois. Toutefois, le climat de l’emploi de l’enquête IFO (98,3 en avril, contre 100,2 en mars) comme les créations d’emplois se sont détériorés en avril. L’emploi a, en effet, à peine progressé en avril (+0,04% m/m, sa plus faible croissance depuis juillet 2022).
Alors que l’économie allemande a enregistré une récession technique (-0,5% t/t au T4 2022 et -0,3% t/t au T1 2023), nous anticipons une faible croissance au 2e trimestre (0,2% t/t) en raison de la consommation de services (tourisme notamment). Toutefois, celle-ci retomberait au 2nd semestre sous le poids de la détérioration des indicateurs de conjoncture.
Stéphane Colliac (achevé de rédiger le 22/06/2023)