Malgré le soutien de l’activité touristique, qui se situe depuis le début de l’année à des niveaux proches de ceux de 2019[1], les effets sur l’économie espagnole de la remontée des taux d’intérêt et de la baisse du pouvoir d’achat des ménages devraient se durcir au fil de l’année. La poursuite des créations d’emplois permet, pour le moment, d’amortir le choc : selon l’agence pour l’emploi espagnole (SEPE), 47 883 travailleurs actifs supplémentaires ont été affiliés à la sécurité sociale en mai, soit +0,2% sur le mois, ce qui porte la hausse à 2,3% depuis le début de l’année. Cependant, la marge de progression paraît de plus en plus limitée. La croissance ralentirait ainsi au T2 (+0,3% t/t d’après nos prévisions après +0,5% t/t au T1) avant de marquer le pas au second semestre.
En termes harmonisés, l’inflation des prix à la consommation est retombée sous la barre des 3% a/a en mai, l’un des niveaux les moins élevés en zone euro derrière le Luxembourg (2,0%) et la Belgique (2,7%). L’inflation sous-jacente progresse néanmoins plus rapidement, à 3,8%, alimentée par une croissance modérée des salaires. Ces derniers ont progressé de 3,3% en glissement annuel en mai sur la base des négociations collectives ; cette augmentation est légèrement supérieure à celle observée fin 2022 (2,8% a/a).
Le reflux de l’inflation n’entraîne pas (encore) de rebond important de la confiance des ménages qui, selon l’enquête de la Commission européenne, oscillait toujours, en mai 2023, à des niveaux bien inférieurs à ceux observés avant le déclenchement de la guerre en Ukraine en février 2022, et en deçà à la moyenne de long terme. Surtout, l’enquête indique une détérioration, sans précédent depuis 2008, de la capacité d’épargne des ménages. Jusqu’ici, cela n’a pas eu d’incidence sur les ventes au détail (hors carburant) qui ont nettement progressé en avril (+4,1% m/m), dépassant pour la première fois leur niveau prépandémique.
Guillaume Derrien (achevé de rédiger le 20/06/2023)