Les indicateurs de conjoncture français soulignent un essoufflement de la croissance. Ainsi, le climat des affaires de l’Insee dans l’industrie manufacturière s’est réduit. Il est à 101 en mai contre 104 en moyenne au T1 et était même passé en mai (99) en deçà de sa moyenne de long terme (100) rejoignant ainsi le commerce de gros (94) et le commerce de détail hors automobile (94). En particulier, le solde d’opinion sur les carnets de commande dans l’industrie est inférieur en juin, à -17 à ce qu’il était en décembre (-15) ou en mars (-13). L’indice concernant les services a diminué à 102 en mai comme en juin, ce qui constitue un plus bas depuis janvier 2017 (hors période de Covid).
La demande des ménages ne devrait pas se redresser à court terme, leur confiance étant toujours très basse en mai, à 83 (son niveau moyen observé entre octobre 2022 et cette date). Surtout, la proportion de ménages qui considèrent opportun de faire des achats importants dans l’immédiat a atteint un plus bas historique en avril, à 6,5%, sous le poids de la hausse des taux d’intérêt. Le recul de l’investissement des ménages au 1er trimestre illustre cet impact négatif (-2,3% t/t).
La désinflation a débuté (6% a/a en mai selon l’indice harmonisé, contre 7,3% a/a en février), à la faveur d’une forte réduction de l’inflation énergétique (2% a/a en mai, contre 28% a/a en mai 2022) et d’une baisse de près de 2 points en deux mois de l’inflation alimentaire (14,9% a/a en mai). L’inflation sous-jacente (4,3% a/a en mai) a, elle aussi, modérément reflué (4,7% a/a en avril), principalement du fait des biens manufacturés. Cette désinflation devrait s’accélérer à mesure que la baisse du coût de l’énergie se diffusera dans l’économie, ce qui devrait toutefois prendre un peu de temps (à mesure que les entreprises pourront renégocier leur contrat).
Le dynamisme du marché du travail ne s’est pas démenti au 1er trimestre (92 000 créations nettes), essentiellement dans les services marchands hors intérim. Toutefois, un début de dégradation apparaît dans certains secteurs : 1 500 destructions d’emploi dans la construction (une première depuis le T4 2016) et 18 000 emplois en moins dans l’intérim. En parallèle, le climat de l’emploi de l’Insee a diminué de 110 en mars à 105 en juin.
Notre prévision d’une croissance de +0,2% t/t au 2e trimestre (après un chiffre similaire au 1er trimestre) repose sur la consommation de services des ménages (tourisme notamment). Toutefois, notre nowcast (0%t/t) souligne le risque d’une surprise à la baisse. En cause : la diminution de la demande adressée à l’industrie ainsi qu’au secteur du bâtiment et aux services qui en dépendent.
Stéphane Colliac (achevé de rédiger le 22/06/2023)