La croissance du PIB réel a progressé au cours des deux derniers trimestres au Japon, mais évolue encore légèrement sous les niveaux de 2019. Un ralentissement de l’activité est toutefois attendu à partir du deuxième trimestre et jusqu’à la fin de l’année 2023.
Après une remontée plus lente, la hausse de l’inflation au Japon s’apparente désormais à celle observée au sein des autres économies développées. L’inflation totale, bien qu’en recul ces derniers mois, est repartie à la hausse en avril, passant de 3,3% en glissement annuel à 3,5%. La mesure sous-jacente (hors énergie et produits alimentaires périssables) a franchi la barre des 4% (4,2%) pour la première fois depuis plus de 40 ans. La mesure sous-jacente pour Tokyo, qui est en avance d’un mois sur l’indice national, a progressé aussi à un rythme inédit en mai (4,0%). Le croisement des deux courbes (inflation totale désormais inférieure à l’inflation sous-jacente), constaté en février, devrait s’accentuer au cours des prochains mois. Par ailleurs, la nouvelle phase de dépréciation du yen en œuvre depuis le début de l’année augmentera, à la marge, les pressions inflationnistes, notamment sur les biens durables.
Toutefois, à l’inverse des autres grandes économies développées, le Japon n’est pas confronté à un choc de taux d’intérêt, la Banque du Japon ayant jusqu’ici maintenu une politique monétaire ultra accommodante. Le taux d’intérêt moyen des nouveaux crédits atteignait 0,69% en avril selon la Banque du Japon, et les prêts bancaires progressent encore à un rythme soutenu (+3,8% en glissement annuel en mai ).
Les indicateurs cycliques restent ainsi bien orientés. L’indice PMI composite progresse de 1,4 point, à 54,3 en mai, son meilleur niveau depuis octobre 2013. Le dynamisme de l’activité dans les services se renforce : l’indice PMI augmente de 0,5 point à 55,9, un record depuis 2007 (début des statistiques actuelles). L’indice manufacturier est bien moins dynamique, mais il est repassé en zone d’expansion en mai à 50,6. La progression des ventes au détail – qui, sur une moyenne lissée sur trois mois, ont atteint en avril 2023 des niveaux inédits depuis 1997 – indique, par ailleurs, que la consommation en biens des ménages a entamé le second trimestre sur des bases solides.
La confiance des ménages remonte depuis le début de l’année, soutenue par un rétablissement de l’ensemble des sous-composantes de l’enquête (« moyens de subsistance généraux », « perspective d’emploi », « croissance des salaires », « intentions d’achat de biens durables »).
Guillaume Derrien avec la collaboration de Louis Morillon (stagiaire). Achevé de rédiger le 20/06/2023.