L’activité économique britannique a rebondi de 0,2% m/m en avril. Ce redressement succède à une contraction de 0,3% m/m en mars. Il est à relativiser puisque le PIB mensuel reste inférieur de 0,1% au niveau atteint en janvier et février. Le secteur des services a renoué avec la croissance (+0,3% m/m) après deux mois de contraction. Au sein de ce secteur, ce sont les services aux consommateurs qui ont le plus progressé (+1% m/m), soulignant une certaine résilience de la consommation des ménages face aux chocs d’inflation et de taux d’intérêt. La production industrielle a, en revanche, diminué une troisième fois en quatre mois depuis le début de l’année 2023 (-0,3% m/m en avril).
Les effets du resserrement monétaire commencent à se faire sentir dans la dynamique du crédit aux ménages. Selon la Financial Conduct Authority, les nouveaux crédits hypothécaires étaient en baisse de 28% t/t au T1 et atteignent un niveau inédit depuis le T2 2018 (T2 2020 excepté).
L’inflation a stagné en mai (8,7% a/a), renforçant les craintes concernant sa persistance. Elle reste en effet au-dessus de la prévision de la Banque d’Angleterre (BoE) de 8,3% a/a. L’inflation sous-jacente a poursuivi sa hausse (7,1% a/a), de même que celle des services (7,4% a/a), scrutée de près par la BoE. Face à la persistance de l’inflation, la BoE a procédé à une hausse de 25/50 pb de son taux directeur lors de sa réunion de juin, et devrait y ajouter 25 pb à chacune de ses trois prochaines réunions.
Le marché du travail présente des signes de détente qui sont cependant insuffisants, pour l’heure, pour ralentir la croissance des salaires, entretenant le risque d’une boucle prix-salaires. L’économie britannique a créé 7 000 emplois en avril, le chiffre le plus bas depuis la baisse de février 2021. La pénurie de main d’œuvre se résorbe désormais, comme l’atteste la chute du nombre d’emplois vacants depuis le pic d’avril 2022 (-19,3% a/a en avril). Le ratio des emplois vacants sur le nombre de chômeurs poursuit sa baisse en mars, avec 0,85 emploi vacant pour un chômeur (contre un plus haut à 1,07 en juillet). La croissance des salaires se poursuit, quant à elle, dans le secteur privé (7,6% a/a) et le public (+5,6% a/a) en avril.
Nous prévoyons une croissance modeste mais positive au T2 (+0,1% t/t). L’économie britannique échapperait à la récession malgré les chocs grâce notamment au soutien public. La croissance resterait néanmoins faiblement positive, la majeure partie des effets des hausses de taux passées restant à venir.
Stéphane Colliac avec la collaboration de Louis Morillon (stagiaire). Achevé de rédiger le 22/06/2023.