L’économie italienne a surpris favorablement au premier trimestre 2023, le PIB réel enregistrant une croissance de 0,6% t/t. Nous anticipons toutefois que cette bonne performance soit suivie d’un ralentissement au deuxième trimestre, puis d’une contraction ponctuelle au troisième trimestre. Les ventes au détail en volume reculent progressivement depuis le début de l’année. De plus, l’inflation élevée continuera d’affecter le pouvoir d’achat des ménages.
Le rythme d’inflation en Italie (+8,0% a/a en mesure harmonisée en mai) reste parmi les plus élevés au sein de la zone euro en raison notamment d’une hausse toujours soutenue des prix de l’énergie (+11,5%). Le recul de l’inflation headline devrait néanmoins s’amplifier au cours de l’été. En effet, les prix énergétiques reculent fortement en variation mensuelle depuis le début de l’année et cette baisse entraînera progressivement dans son sillage l’inflation en glissement annuel.
Le recul de l’activité industrielle s’est amplifié en avril, entraîné par celui de la production de biens intermédiaires (-13,8% sur un an) qui se situe désormais à son plus bas niveau depuis l’été 2020. Les signaux envoyés par les enquêtes réalisées auprès des entreprises confirme la détérioration en cours dans le secteur : le PMI manufacturier a baissé, passant de 48,7 en avril à 46,4 en mai, soit un niveau similaire à celui observé au cours de l’année 2020.
Le marché du travail reste néanmoins bien orienté. Cela alimente, avec l’inflation des prix à la consommation, la croissance des salaires. Cette dernière reste toutefois modérée, Istat reportant une progression du salaire horaire de base de 2,6% en glissement annuel en avril. Mais la hausse des salaires a toutes les chances de s’accentuer au fil des mois si le taux de chômage continue de baisser et que les pénuries de main d’œuvre s’accroissent.
La dernière enquête trimestrielle de la Commission européenne, qui vise à évaluer les principaux freins à la production, renforce ceconstat : l’indice relatif aux tensions sur le travail était au plus haut depuis le premier trimestre 1990. En effet, le taux de chômage de l’ensemble de la population active est retombé à 7,8% au mois d’avril, tandis que celui des jeunes (15-24 ans) se rapproche du seuil symbolique des 20% (20,3% en avril), ce qui serait comparable aux niveaux observés avant la crise de 2008. L’emploi progresse, par ailleurs, pour le cinquième mois consécutif ; il a dépassé de près de 1% le précédent pic atteint à l’été 2019.
Guillaume Derrien (achevé de rédiger le 20/06/2023)