EcoTV Week

Zone euro : un peu moins d’incertitude autour du retour à la cible d’inflation en 2024

08/12/2023

L’inflation reste élevée mais, au regard des derniers chiffres publiés pour la zone euro, elle l’est nettement moins et même, à première vue, elle n’apparaît plus si éloignée que cela de la cible de 2%. Bien sûr, il reste encore du chemin à parcourir ; l’incertitude porte notamment sur la vitesse et la facilité avec laquelle le « dernier kilomètre » de désinflation sera parcouru, avant d’arriver à l’objectif de 2%. Il faut s’attendre à ce qu’il le soit lentement plutôt que rapidement, notamment parce que les effets de base favorables sur les prix de l’énergie vont moins jouer.

Transcription

L’inflation reste élevée mais, au regard des derniers chiffres publiés pour la zone euro, elle l’est nettement moins et même, à première vue, elle n’apparaît plus si éloignée que cela de la cible de 2%. Bien sûr, il reste encore du chemin à parcourir ; l’incertitude porte notamment sur la vitesse et la facilité avec laquelle le « dernier kilomètre » de désinflation sera parcouru, avant d’arriver à l’objectif de 2%. Il faut s’attendre à ce qu’il le soit lentement plutôt que rapidement, notamment parce que les effets de base favorables sur les prix de l’énergie vont moins jouer.

Les derniers chiffres ont toutefois été encourageants, l’inflation ayant franchi une nouvelle marche importante à la baisse d’après l’estimation préliminaire pour novembre. L’inflation totale est retombée à 2,4% en glissement annuel, son rythme le plus bas depuis juillet 2021. La baisse est nette pour l’inflation totale comme pour l’inflation sous-jacente. Elle s’observe dans la grande majorité des pays de la zone euro. Et il y a moins de dispersion entre eux : 5 pays affichent un taux d’inflation inférieur à 2% et le taux d’inflation le plus élevé n’est plus « que » de 7% (en Slovaquie).

Certes, c’est l’inflation totale qui est vraiment proche de la cible de 2%. L’inflation sous-jacente n’est que légèrement inférieure à 4% : elle est donc encore assez loin de la cible et sa baisse est plus lente que celle de l’inflation totale. Depuis son pic en mars 2023 (à près de 6%), l’inflation sous-jacente a perdu environ 2 points de pourcentage quand l’inflation totale en a perdu près de 5. Mais, de même que l’envolée des prix de l’énergie et des matières premières s’était propagée au reste des prix à la consommation en 2021 et 2022, leur reflux commence aussi à se propager et à tirer l’inflation sous-jacente vers le bas.

Ces pressions désinflationnistes, venant de l’offre, devraient continuer d’aller en s’accentuant tandis que les pressions inflationnistes, venant de la demande, devraient aller en s’atténuant. En 2024, les salaires devraient, en effet, ralentir dans le sillage de l’inflation et le pricing power des entreprises devrait (re)devenir moins important, compte tenu du contexte de demande moins porteur. C’est pourquoi un retour de l’inflation, totale et sous-jacente, à proximité de la cible de 2%, à l’horizon de la fin de l’année prochaine nous paraît tout à fait probable et moins incertain qu’il y a quelques mois.

Quant aux perspectives au-delà et à la question de l’établissement de l’inflation sur un nouveau régime, légèrement supérieur à 2% et non plus légèrement inférieur à 2% comme pendant la décennie 2010, ce sera l’objet d’un futur EcoTVweek !

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE