La première estimation de la croissance en zone euro au 1er trimestre 2023, publiée vendredi 28 avril, permettra de quantifier la résistance signalée par la plupart des données d’enquête et d’activité disponibles. La croissance devrait être modestement positive (+0,3% t/t, prévision légèrement revue en hausse, à hauteur de 0,2 pp, à la faveur des bonnes surprises conjoncturelles), tandis que notre estimation nowcast est atone (0,0%).
En mars, l’indice PMI composite de S&P Global a poursuivi son redressement, avec une 4e hausse d’affilée (6,4 points en cumulé), aussi importante que celle enregistrée en février et toujours largement tirée par les services. À 53,7, cet indice se situe assez confortablement en zone d’expansion. Le signal est moins positif du côté du sentiment économique (ESI) de la Commission européenne qui, sur les deux derniers mois (février et mars) s’est légèrement replié. S’il est peu important, son recul en mars a ceci de notable qu’il concerne l’ensemble des composantes de l’indicateur (confiance des consommateurs, dans l’industrie, les services, le commerce de détail et la construction), ce qui n’arrive pas fréquemment. Cela pourrait marquer un point de retournement à la baisse, augurant de la détérioration de la croissance, que nous anticipons à l’horizon du 2nd semestre 2023, sous l’effet du choc inflationniste et du resserrement monétaire.
Sources : Refinitiv, BNP Paribas. Voir la méthodologie Nowcast.
Du côté des données d’activité, les ventes au détail (hors automobile) restaient légèrement orientées à la baisse jusqu’en février 2023 (dernier point disponible), alors que la production industrielle marquait une nette hausse en janvier et février. On peut y voir l’effet de l’inflation élevée sur les premières et des effets de rattrapage sur la seconde, les difficultés d’approvisionnement et le choc énergétique se dissipant. Autre bonne nouvelle : le taux de chômage, qui s’était stabilisé à 6,7% d’avril à décembre 2022, a de nouveau légèrement baissé à 6,6% en janvier et février 2023 (chiffres révisés).
Du côté de l’inflation, la situation reste préoccupante. Comme aux États-Unis, l’inflation totale a, certes, nettement reflué en mars (-1,6 point, à 6,9% en g.a.) mais uniquement grâce à un effet de base favorable sur les prix de l’énergie, en baisse sur un an (-0,9%), pour la première fois depuis février 2021. L’inflation alimentaire a encore augmenté (15,5% sur un an, contribution de 3,1 points à l’inflation totale) de même que l’inflation sous-jacente (5,7% en g.a., contribution de 3,8 points). Au regard de ces chiffres et des signes de résistance de l’activité, la BCE devrait procéder à une nouvelle hausse de 25 points de base de ses taux directeurs lors de sa prochaine réunion, le 4 mai. Il reste à voir si les résultats du Bank Lending Survey pour le 2e trimestre 2023, publiés le 2 mai, qui devraient marquer un nouveau durcissement des conditions d’accès au crédit, la dissuaderont.
Hélène Baudchon (achevé de rédiger le 21/04/2023)