Nos prévisions tablent sur une croissance du PIB espagnol de 0,3% au premier comme au deuxième trimestre 2023. De fait, les enquêtes PMI enregistrent un net regain depuis le début de l’année. L’indice composite a notamment atteint son meilleur niveau en près d’un an et demi (58,2), tiré par les services (59,4). Cependant, la détérioration du pouvoir d’achat affecte encore lourdement le moral des ménages et leur capacité à épargner. Celle-ci a atteint en mars son pire niveau depuis décembre 2013, selon les chiffres de la Commission européenne.
La consommation privée en Espagne, qui s’est repliée de 2,4% t/t au T4 2022, pourrait toutefois être un peu mieux orientée au T1 2023. En termes réels, les ventes au détail (hors carburants) ont chuté de 2,6% m/m en février mais la moyenne mobile sur trois mois progresse encore. De plus, les nouvelles immatriculations de véhicules ont rebondi au premier trimestre (+44% t/t par rapport au T4 2022 en termes désaisonnalisés) après une année 2022 difficile.
Si l’inflation pèse sur la consommation, celle-ci est soutenue par les créations d’emplois, qui ont continué, au premier trimestre 2023, sur leur lancée de 2022. Selon l’Agence pour l’emploi espagnol (SEPE), le nombre d’actifs affiliés au système de sécurité sociale a augmenté de 76 000 en mars et de 174 000 (+0,9% t/t) sur l’ensemble du premier trimestre, par rapport au trimestre précédent. Le chômage a reflué de 60 000 personnes (-2,1% t/t), touchant son plus bas niveau depuis septembre 2008.
Du côté de l‘inflation, les nouvelles sont favorables. En effet, elle a fortement reculé en mars (3,1% a/a contre 6,0% en février, mesure harmonisée), la déflation des prix énergétiques s’étant amplifiée (-25,6% en mars). L’indice sous-jacent (hors énergie et aliments périssables) est toutefois loin d’enregistrer la même dynamique. La hausse des prix a légèrement ralenti, passant de 7,6% en glissement annuel en février à 7,5% en mars, mais elle reste excessivement élevée.
Guillaume Derrien (achevé de rédiger le 18/04/2023)