Le PIB britannique a stagné en février selon l’ONS, après une hausse de 0,4% m/m en janvier. Le rebond du secteur de la construction (+2,4% m/m), qui s’était nettement contracté en janvier (-1,7% m/m), a compensé la contraction dans les services (-0,1% m/m) et dans l’industrie (-0,2% m/m). L’économie a donc bien résisté malgré l’impact négatif des grèves dans l’administration publique et l’éducation, où le repli de l’activité a atteint respectivement 1,1% m/m et 1,7% m/m. En parallèle, les indices PMI de mars ont montré un redressement de l’activité dans les services (52,8), tandis que l’activité manufacturière s’est dégradée (47,9).
Les ventes au détail, bien qu’en baisse de 3,5% sur un an, ont nettement progressé en février (+1,2% m/m), tirées par les ventes en magasins non alimentaires (+2,4% m/m, hors carburants) et alimentaires (+0,9% m/m). Au regard de cette hausse des ventes au détail en février, l’ensemble de la consommation privée pourrait donc avoir résisté ce mois-là, limitant la baisse attendue du PIB au 1er trimestre 2023.
L’inflation a reculé en mars (+10,1% a/a), en particulier grâce à des effets de base favorables sur les prix de l’énergie et à la baisse des prix de l’essence. Ce niveau reste cependant exceptionnellement haut et inconfortable pour la Banque d’Angleterre. La persistance de l’inflation sous-jacente (+6,2% a/a), la croissance encore élevée des salaires (voir ci-dessous), ainsi que les chiffres d’activité relativement bons sont autant de facteurs qui la conforteront dans sa décision d’augmenter les taux de 25 pb lors de sa prochaine réunion mi-mai.
Le marché du travail reste résilient mais continue de ralentir. Selon l’ONS, le taux de chômage est passé de 3,7% en janvier à 3,8% en février. La dynamique des salaires se maintient sur un rythme soutenu (+6,6% a/a en février), ce qui a deux implications. D’un côté, cela signifie que les demandeurs d’emploi conservent un pouvoir de négociation salariale important et que leurs anticipations d’inflation ne faiblissent pas. De l’autre, cela signifie également que la pression des salaires sur les prix va persister et freiner la désinflation.
L’économie britannique résiste et ne semble pas se diriger vers la contraction attendue au 1er trimestre 2023, déjouant ainsi les pronostics. Cette contraction ne serait cependant pas évitable au 2e trimestre (-0,2% t/t selon nos prévisions), en raison de l’inflation, qui rogne le pouvoir d’achat des ménages, et de la hausse des taux qui pèse sur l’investissement.
Guillaume Derrien et Louis Morillon (stagiaire). Achevé de rédiger le 19/04/2023.