Inversion de la courbe des taux et récessions aux États-Unis : un signal avancé, habituellement

21/03/2024

La courbe des taux américains entre le 10 ans et le 2 ans est inversée depuis la mi-2022, sans que l’économie américaine ne donne de signes clairs d’une récession imminente. Grâce à l’appétit actuel pour le risque, cela ressemble à un « faux positif », comme au milieu des années 1990.

Transcription

L’inversion de la courbe des taux est connue pour être un indicateur avancé des récessions aux États- Unis.

Aux États-Unis, sur la période représentée sur le graphique, qui va de 1984 à aujourd’hui, la courbe s’est inversée 3 fois (sans compter l’épisode actuel) et a été suivie d’une récession 3 fois : à la fin des années 1980, à la fin des années 1990 et en 2007. On mettra de côté l’aplatissement important de la courbe en 2019, la pandémie de Covid-19 étant passée par là et ayant entraîné un choc récessif massif en 2020, sans lien avec l’évolution des taux. Les récessions sont repérées sur le graphique par les zones grisées et illustrées par une remontée du taux de chômage. On le voit, l’inversion de la courbe précède de plusieurs mois l’entrée en récession et la remontée du taux de chômage.

Mais le signal récessif de l’inversion de la courbe peut aussi être contrebalancé par une évolution favorable de l’appétit pour le risque et des autres composantes des conditions monétaires et financières, dont les marchés actions.

Le faux signal du milieu des années 1990 est le plus connu : la courbe de taux s’est alors fortement aplatie et a frôlé l’inversion, sous l’effet du resserrement surprise de la Fed en 1994. Mais il n’y a pas eu de récession à ce moment-là. C’est une assez longue période de croissance qui a suivi au contraire et qui a forgé le concept de soft landing. La récession est venue plus tard, en 2001, avec l’éclatement de la bulle Internet.

Sommes-nous, aujourd’hui, confrontés à un « faux positif » similaire ? L’avenir le dira. En attendant, la courbe est fortement inversée depuis juillet 2022, soit depuis un peu plus d’un an et demi, sous l’effet d’une remontée des taux courts plus importante que celle des taux longs, dans le sillage du resserrement monétaire massif de la Fed. Or, l’économie américaine ne donne toujours pas de signes clairs d’une récession imminente. La remontée du taux de chômage reste, notamment, des plus réduites. S’il existe des freins à la croissance, les facteurs de soutien sont, à ce jour, plus importants. Les conditions d’un soft landing semblent réunies. Ce serait un résultat remarquable.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE