La température baisse sur le front de l’inflation en zone euro. À cette bonne nouvelle s’ajoute l’étonnante poursuite de la diminution du taux de chômage (6,4% en août contre 6,7% en début d’année). Mais ces évolutions positives sont contrebalancées par le climat plus frais aussi du côté de l’indicateur du sentiment économique de la Commission européenne (ESI). Au regard de la faiblesse des enquêtes de confiance, la croissance du PIB, tout juste positive au T1 et au T2 2023 (+0,1% t/t chaque trimestre), devrait se rapprocher de zéro. Nous prévoyons un chiffre nul au T3 ainsi qu’au T4 2023, une prévision confortée par notre estimation nowcast, à zéro aussi.
Les autres données dures disponibles sont également mal orientées : baisse des ventes au détail (modérée en juillet (-0,2% m/m), importante en août (-1,2% m/m)) ; recul marqué de la production industrielle en juillet (-1,4% m/m), suivi d’un rebond partiel en août (+0,6% m/m) et d’un effet de base très défavorable qui creuse fortement la baisse en glissement annuel (-5% a/a) ; contraction des exportations de 3,9% a/a en août[1].
En septembre, l’ESI a encore diminué, quoique légèrement (-0,3 point, à 93,3). Il se situe à son plus bas niveau depuis la fin 2020 (comparable à celui observé fin 2011, à la mi-temps de la crise des dettes souveraines européennes). Il s’agit de sa cinquième baisse consécutive et, ce mois-ci, un seul secteur échappe à la détérioration, celui de l’industrie. La confiance dans les services, le commerce de détail et la construction se dégrade, et celle des consommateurs plus nettement encore (sous l’effet d’un jugement plus négatif, sur les perspectives d’inflation et d’évolution du chômage, qu’il faudra surveiller).
L’indice composite PMI de S&P Global s’est certes, légèrement, redressé en septembre (+0,5 point, à 47,2), grâce aux services (+0,8, à 48,7), mais il reste significativement en zone de contraction (c’est également vrai pour tout le T3). Il est tiré vers le bas par le secteur manufacturier, dont le climat des affaires se situe à un niveau très dégradé (43,4, -0,1 point par rapport à août) et le point bas reste encore à confirmer.
S’agissant de l’inflation, elle a marqué une franche baisse en septembre. L’inflation totale a reculé de 0,9 point de pourcentage, à 4,3%, un plus bas depuis octobre 2021, à la faveur de l’accentuation de la déflation sur les prix de l’énergie (-1,3 pp à -4,6% a/a, ôtant 0,6 pp à l’inflation), mais pas seulement. L’inflation alimentaire continue de se modérer (-0,9 pp à 8,8% a/a) et sa contribution à l’inflation est désormais proche, mais inférieure, à 2 pp (1,8). Surtout, l’inflation sous-jacente a, enfin, nettement, reflué (-0,8 pp à 4,5% a/a, un plus bas depuis août 2022). À l’horizon des prochains mois, les tensions sur les prix du pétrole et celles, naissantes, sur les prix du gaz, devraient freiner le processus de désinflation sans toutefois le remettre en cause. Pour la BCE, le statu quo sur ses taux directeurs devrait prédominer mais la situation demeure inconfortable.
Hélène Baudchon (achevé de rédiger le 18/10/2023)