L’indice du sentiment économique de la Commission européenne recule, en Espagne, en septembre à son plus bas niveau de l’année, témoignant d’un ralentissement de l’activité qui se traduirait, selon nos prévisions, par une baisse de la croissance à 0,3% t/t au T3 et 0,2% t/t au T4. L’inflation regagne, par ailleurs, du terrain et pèse à nouveau sur la confiance des ménages, tout comme les perspectives de chômage qui se dégradent, toutefois modérément. À noter que les perspectives d’évolution des prix divergent assez nettement suivant le secteur d’activité, selon l’enquête de la Commission européenne : elles indiquent un nouveau reflux des pressions dans la construction (-1,9 point) et dans l’industrie (-1,6 point, au plus bas depuis janvier 2021), tandis qu’un regain s’observe dans les services (+3,1 points), et en particulier dans les ventes au détail (+10 points).
L’indice des prix à la consommation (IPC) a progressé de 3,3% en glissement annuel selon la mesure harmonisée (3,5% en mesure nationale) en septembre, soit le troisième mois consécutif de hausse. La déflation de la composante « énergie » demeure importante (-14,0% a/a), mais son ampleur se réduira significativement dans les mois à venir, avant de repasser en territoire positif, en raison de la hausse actuelle des prix du pétrole et d’effets de base défavorables. L’inflation de la plupart des grands postes alimentaires (œufs, lait, légumes frais) évolue toujours au-dessus de la barre des 10% a/a ; malgré son poids modeste dans l’IPC – seulement 0,5% - l’huile d’olive continue, par exemple, d’enregistrer des hausses de prix impressionnantes (+41,9% a/a) et contribuait ainsi à hauteur de 0,22 point de pourcentage à l’inflation en septembre. L’inflation dans les services s’est stabilisée à un niveau élevé (4,7% a/a).
Les créations d’emplois ont nettement ralenti cet été par rapport au trimestre précédent (+15 651 en moyenne mensuelle au T3 après +52 196 au T2), mais le marché du travail a tout de même bien résisté jusqu’à présent au choc des taux d’intérêt et au ralentissement de l’activité en zone euro. Cette résistance de l’emploi devrait soutenir la consommation de ménages, en plus des probables nouvelles mesures gouvernementales pour protéger le pouvoir d’achat. Si des décisions ont d’ores et déjà été annoncées dans le plan budgétaire de 2024, transmis à la Commission européenne le 15 octobre (hausse des pensions de retraite, revalorisation de 2% des rémunérations dans la fonction publique), d’autres pourraient s’y ajouter, une fois le nouveau gouvernement en place, ce qui devrait toutefois prendre encore du temps.
Guillaume Derrien (achevé de rédiger le 16/10/2023)