Le marché du travail britannique a atteint un point de bascule. Pour la Banque d’Angleterre (BoE), il s’agit d’un nouveau signe, en plus du ralentissement du secteur de l’immobilier, de la généralisation de la transmission de la hausse des taux à l’économie réelle. La publication du rapport de l’ONS sur le marché du travail, pour septembre, a été repoussée au 24 octobre. Néanmoins, les chiffres avancés du HMRC indiquent un recul de 8 360 salariés le mois dernier ; c’est le deuxième mois consécutif de baisse, et une accentuation par rapport au mois précédent (-5 071). Par ailleurs, les indices PMI de l’emploi ont chuté en septembre, entraînés par celui des services (-3,3 points à 47,9) qui repasse ainsi sous la barre d’expansion pour la première fois depuis le début de l’année.
En outre, l’inflation a surpris à la hausse en septembre en se maintenant à 6,7%. Un repli est tout de même à prévoir au cours des prochains mois : la hausse des prix à la consommation a fortement ralenti en rythme instantané (le 3m/3m annualisé a chuté sous la barre des 2%, à 1,9%). Néanmoins, l’ampleur de la désinflation reste incertaine en raison du récent rebond des prix du pétrole. La progression des salaires de base s’est légèrement tassée à 7,7% a/a en septembre mais elle devrait se maintenir, au moins jusqu’à la fin de l’année, au-dessus de l’inflation. Du côté de l’immobilier, la baisse des prix, en glissement annuel, s’est amplifiée en septembre à -4,7% selon Halifax, tandis qu’elle s’est stabilisée à -5,3% selon l’indice de Nationwide.
Dans ce contexte, l’économie britannique devrait enregistrer une croissance très faible au troisième trimestre, que nous prévoyons actuellement à 0,1% t/t. Pour atteindre ce chiffre, il faudra néanmoins que le troisième trimestre s’achève mieux qu’il n’a commencé. En effet, selon les chiffres mensuels de l’ONS, le PIB réel a légèrement progressé en août de 0,1% m/m. Cela ne vient toutefois que partiellement compenser la contraction de 0,6% m/m enregistrée le mois précédent (N.B. : les chiffres mensuels portent sur le niveau de la valeur ajoutée et non le PIB réel).
Guillaume Derrien (achevé de rédiger le 18/10/2023)