Les enquêtes de conjoncture du mois de septembre envoient des signaux divergents. La confiance des ménages se dégrade dans la plupart des pays, ce qui, dans certains cas (France, Espagne), souligne un léger regain d’inflation. Ce reflux de la confiance s’accompagne aussi, en règle générale, d’une baisse des intentions d’achats de biens durables, que l’on peut relier au niveau élevé des taux d’intérêt ainsi qu’à l’anticipation d’une détérioration modérée du marché du travail. La demande moindre émanant des ménages affecte les carnets de commande des entreprises, avec un impact qui diffère selon les secteurs. Dans l’industrie, les enquêtes de conjoncture sont davantage affectées alors que dans les services, l’activité reste dynamique aux États-Unis et au Japon, alors qu’elle est plus modérée en Europe.
Sur le front de l’inflation, les évolutions restent ambivalentes. En zone euro, l’inflation a nettement reflué en septembre (-0,9 point, à 4,3% a/a), tirée à la baisse par le chiffre allemand (-2,1 points à 4,3%), tandis que la dynamique a été moins favorable par ailleurs. Au Royaume-Uni et aux États-Unis, l’inflation est demeurée inchangée (respectivement, 6,7% et 3,7%). De plus, aux États-Unis, la remontée des prix de l’essence n’a pas tardé à entraîner un net rebond des anticipations d’inflation des ménages, en octobre, à 1 an et à 5 ans (selon l’enquête de l’Université du Michigan). Cette remontée rappelle les risques à la hausse qui entourent encore la trajectoire de désinflation, qui elle-même sous-tend notre anticipation selon laquelle la Réserve fédérale, la Banque centrale européenne et la Banque d’Angleterre ne relèveraient plus leurs taux directeurs (ainsi de nouvelles hausses ne peuvent pas totalement être écartées).
Le marché du travail se détend progressivement et en ordre dispersé. Aux États-Unis, les créations d’emplois sont restées importantes en septembre. Elles ont été plus mesurées en zone euro au T2, signe de tensions plus réduites que par le passé, bien qu’encore significatives. Cela laisse prévoir une bonne tenue des salaires dans les prochains mois, ce qui, avec une inflation plus modérée, permettrait un rebond du pouvoir d’achat des ménages. Au Royaume-Uni, en revanche, les indicateurs d’emploi disponibles indiquent en septembre, pour le deuxième mois d’affilée, une baisse du nombre de salariés. Au Japon, au contraire, le marché du travail est marqué par une pénurie de main d’œuvre historique.
En matière de perspectives de croissance, les États-Unis continueraient de se distinguer au troisième trimestre avec une croissance attendue nettement positive (0,9% t/t), alors qu’elle ne le serait que très modérément au Royaume-Uni et au Japon (0,1% t/t), et nulle au niveau agrégé de la zone euro.