L’inflation allemande a repris le chemin de la baisse, après une stabilisation entre mai et août (6,4% a/a en août selon l’indice harmonisé), pour atteindre 4,3% en septembre, en raison d’abord d’effets de base (l’inflation désaisonnalisée était de 2,3% m/m en septembre 2022, contre une évolution plus normale de 0,3% en septembre 2023). Nous attendons une nouvelle baisse de près de 1 point de pourcentage (pp) de l’inflation en octobre pour la même raison (+1,1% m/m en septembre 2022, 1pp au-dessus de la moyenne pour un mois d’octobre sur les 15 dernières années). L’inflation sous-jacente a également diminué à 4,8% a/a en septembre contre un pic à 6,3% en août 2023. L’inflation énergétique s’était, en septembre-octobre 2022, nettement transmise au sous-jacent, et son reflux depuis rejaillit désormais sur ce dernier (hausse mensuelle moyenne du sous-jacent désaisonnalisée de 0,2% sur les 3 derniers mois, contre 0,4% les 6 mois précédents et 0,6% au S2 2022).
Cette décrue de l’inflation peut également s’expliquer par le ralentissement de la demande. La consommation des ménages ne soutient plus la croissance depuis le 3e trimestre 2022 (baisse au T4 2022 et au T1 2023, stabilisation au T2 2023). L’indice GFK de confiance des ménages est, en octobre, à -26,5, un niveau dont il est proche depuis 6 mois, très inférieur à sa moyenne d’avant-Covid (+6, entre 2001 et 2019). L’opportunité de faire des achats importants dans l’immédiat a touché un nouveau point bas à 5,8% des répondants en août 2023 selon la Commission européenne : il se situe depuis avril 2022 sous les 10%, barre en dessous de laquelle il n’était pas descendu pendant la crise de 2008.
Cette moindre demande des ménages transparaît dans les nouvelles commandes à l’industrie dont la moyenne sur 6 mois, à fin août 2023, est de 6% inférieure à celle d’août 2022. Cette diminution s’explique principalement par celle des commandes domestiques (-6%, dont -19% sur les biens durables) et des commandes étrangères hors zone euro (-6,5%, dont -18% sur les biens durables). Les contraintes de demande pèsent également sur le climat des affaires, l’indice IFO de conditions d’activité actuelles ayant touché un nouveau point bas de 88,7 en septembre 2023 (-5 points en 3 mois).
Ces évolutions, ainsi que celle du climat de l’emploi de l’IFO (95,8 en septembre), qui est passé depuis 3 mois en deçà de sa moyenne de long terme, augurent d’un risque baissier pour la croissance : le 2e semestre 2023 marquerait, d’après nos prévisions, une nouvelle récession (-0,1% t/t au T3 et au T4) après déjà une croissance négative au T4 2022 et au T1 2023 et une croissance nulle au T2 2023.
Stéphane Colliac (achevé de rédiger le 19/10/2023)