La confiance des ménages est en léger recul depuis le mois d’avril. Cela reflète une baisse des intentions d’achat de biens durables et une dégradation du jugement sur les perspectives d’évolution du chômage. Néanmoins, le marché du travail italien maintient le cap. Le taux de chômage a fléchi à 7,3% en août, son niveau le plus bas depuis quinze ans. Conséquence de ce recul, les problèmes de recrutement s’intensifient : la part des entreprises citant le manque de main d’œuvre comme un facteur limitant la production était, au deuxième trimestre 2023, la plus importante depuis le début des années 1990. Même si la population active est loin de combler l’écart avec les niveaux de 2019 (le déficit était, en août, de 1,3% par rapport au pic d’avril 2019), l’emploi a continué de progresser de manière très significative. Cela a contribué à porter le taux d’emploi (à 61,5% pour les 15-64 ans) à un niveau plus observé depuis au moins vingt ans, les statistiques actuelles ne débutant qu’en 2004.
Malgré un marché du travail plus tendu, l’augmentation des salaires de base reste limitée. En hausse de 3,2% a/a, ceux-ci évoluent toujours significativement en dessous de l’inflation, qui progressait à un rythme presque deux fois supérieur en septembre, à 5,6%. Ainsi, le pouvoir d’achat des ménages italiens continue de reculer et de peser sur la consommation privée. Sans baisser, cette dernière reste tout juste au-dessus des niveaux qui étaient les siens en 2019. Par ailleurs, il existe un écart de trajectoire important entre les différents postes de consommation avec, d’un côté, des dépenses en services et en biens durables relativement élevées, et en hausse depuis le début de l’année, et, de l’autre côté, la consommation de biens non-durables qui se replie. Ce repli corrobore la baisse observée depuis plusieurs mois dans les ventes au détail, due essentiellement à la chute de la consommation de produits alimentaires, qui s’inscrivait en septembre à un plus bas depuis plus de vingt ans.
Après un deuxième trimestre en recul (-0,4% t/t), le PIB réel devrait néanmoins repartir à la hausse au T3, soutenu par un environnement inflationniste légèrement moins défavorable. Un nouveau ralentissement est attendu au dernier trimestre de l’année. La croissance pour 2023 restera modérée à 0,8% mais au-dessus de celle que nous prévoyons pour la zone euro dans son ensemble (+0,5%).
Guillaume Derrien (achevé de rédiger le 16/10/2023)