Pour ce numéro de rentrée d’EcoTVweek, nous nous intéressons au rendez-vous économique phare de la fin de l’été : le symposium de la Réserve fédérale américaine à Jackson Hole. Nous nous intéressons plus exactement au discours d’ouverture de Jerome Powell, qui était au centre de l’attention et qui s'est focalisé sur le court terme et l’inflation. Le message à retenir ? La lutte contre l'inflation n’est pas encore terminée – un message repris et appuyé par Christine Lagarde lors de son propre discours.
Jerome Powell donne le ton dès le début de son intervention en disant, je cite, que : « c’est le travail de la Fed que de ramener l’inflation à sa cible de 2% et nous le ferons ». Et il fait un autre rappel important en fin de discours, je cite : « Notre objectif d’inflation est et restera de 2% », répondant ainsi au débat sur l’opportunité d’un relèvement de la cible d’inflation. Il salue naturellement la baisse de l’inflation depuis son pic atteint mi-2022 mais, sans surprise, elle reste qualifiée de trop élevée et le processus de désinflation comme ayant encore beaucoup de chemin à parcourir.
La Fed se dit donc non seulement prête à relever encore ses taux directeurs si nécessaire. Mais elle signale aussi son intention de les maintenir à un niveau restrictif jusqu’à être convaincue que l’inflation baisse durablement vers son objectif. Le message est clair. L’incertitude est cependant importante quant à l’ampleur et la vitesse de la décélération à venir de l’inflation, de la croissance et du marché du travail au regard de leur résistance jusqu’ici.
Jerome Powell s’en fait l’écho en soulignant la difficulté de connaître, en temps réel, le niveau du taux d’intérêt neutre et donc le degré exact de restriction de la politique monétaire, pour savoir si et quand celui-ci est suffisant pour restaurer la stabilité des prix. La difficulté de cette évaluation est accrue par l’incertitude, traditionnelle, sur la longueur des délais de transmission de la politique monétaire, à laquelle s’ajoute une nouvelle source d’incertitude, venant des bouleversements de l’offre et de la demande, uniques dans ce cycle. Ces bouleversements se traduisent notamment par l’absence de remontée du taux de chômage à ce jour, un résultat bienvenu mais historiquement inhabituel. Et qui s’accompagne d’une inflation qui montre une plus grande sensibilité à l’état de tension du marché du travail.
Ces nouvelles dynamiques vont-elles perdurer ? Le débat est ouvert et complique davantage la tâche des banques centrales dans ce qui relève désormais du réglage fin de leur politique monétaire. C’est pourquoi, Jerome Powell, tout en adoptant un biais « hawkish », a bien précisé que la Fed agirait avec prudence, en fonction des données et des risques. Merci de votre attention et d’avoir regardé EcoTVweek cette semaine. A la semaine prochaine pour une nouvelle édition.