Le gouvernement mexicain a annoncé un projet d’augmentation des tarifs douaniers. Les pays d'Asie en général et la Chine en particulier sont ciblés. La mesure devrait être adoptée par le Parlement en novembre avant d’être mise en œuvre en janvier prochain, pour une période d’un an.
Ces mesures ont été présentées comme un outil permettant de protéger l’industrie nationale contre les importations bon marché. Le déficit commercial bilatéral du Mexique avec la Chine a effectivement doublé au cours des dix dernières années. L’excédent commercial avec les Etats-Unis a également doublé au cours de la période et la Présidente mexicaine semble surtout multiplier les signes envoyés à l’administration Trump, en affichant sa volonté de réduire les échanges commerciaux avec la Chine, en vue de l’ouverture prochaine des négociations dans le cadre du renouvellement de l’USMCA, prévu pour juillet 2026.
Près de 20 secteurs seraient touchés par les nouvelles mesures tarifaires mexicaines. Dans le secteur automobile, les tarifs pourraient s’élever jusqu’à 50%. Depuis 2021, les importations mexicaines de véhicules légers en provenance de Chine ont quasiment été multipliées par 5 et celles de « pièces détachées et accessoires » ont plus que doublé. Sur la même période, les importations américaines de véhicules légers en provenance du Mexique ont doublé également.
Tout cela suggère que le Mexique a développé un rôle de « connecteur » entre la Chine et les Etats-Unis depuis le premier mandat de Trump et que les composants chinois sont de plus en plus intégrés dans la chaine d’approvisionnement mexicaine. Les pièces entrent au Mexique, sont transformées et assemblées puis sont réexportées vers les Etats-Unis, permettant de contourner partiellement les tarifs américains.
Les tarifs envisagés par le Mexique pourraient faciliter les négociations avec Washington pour l’USMCA, en affichant une volonté de réduire le rôle du Mexique comme pays « connecteur ». Cependant, les mesures protectionnistes mexicaines pourraient aussi pénaliser l’économie car elles pourraient se traduire par une perte de compétitivité.
Comme on le voit sur le graphique, la production locale du secteur auto a diminué depuis la première vague de rehaussement des tarifs américains entre 2018 et 2022, puis en 2025. Le développement de substituts aux importations chinoises, produits localement, prendra du temps, ce qui impliquera à court terme une hausse des coûts des chaines d’approvisionnement car les produits de substitution seront importés et coûteront a priori plus cher que les produits chinois.
En outre, si, comme annoncé, la mesure est temporaire, il n’y aura que très peu d'incitations à investir dans le développement de produits spécialisés qui redeviendraient non compétitifs dès la suppression des tarifs. Ces observations sont d’ailleurs applicables aux autres secteurs, au-delà du secteur auto. Au final, compte tenu de l’importance des importations chinoises (biens intermédiaires comme biens de consommation finale) les prix à la production et l’indice d’inflation pourraient augmenter dans les mois à venir.