Basée à Paris, la Direction des Études Économiques de BNP Paribas est composée d’économistes et de statisticiens :
Les Études économiques ont pour mission de répondre aux besoins des clients, des lignes de métiers et des fonctions de BNP Paribas en matière de recherche économique. Notre équipe d’économistes et de statisticiens couvre un nombre important de pays avancés, en développement et émergents, l’économie réelle, les marchés financiers et l’économie bancaire. Ce site, qui présente nos analyses, nos vidéos et nos podcasts, permet de partager le résultat de nos recherches avec tous ceux qui souhaitent mieux comprendre le contexte économique ou qui s’intéressent à des problématiques spécifiques.
+ 33 1 42 98 26 77 stephane.colliac@bnpparibas.com
Les courbes se sont croisées : l’inflation française, longtemps en deçà de celle de la zone euro, lui est désormais supérieure (5,7% en septembre contre 4,3% a/a, selon l’indice harmonisé). En moyenne, l’inflation française dépasse même en août-septembre de près de 0,5 point son niveau de juin-juillet (contre une décrue 0,6 point en zone euro). En cause, le rebond des prix de l’énergie.
L’économie allemande est affectée par la transmission du choc inflationniste à la consommation des ménages. Cette sous-performance reflète aussi des difficultés plus structurelles qui renvoient à la problématique du « Standort Deutschland ». Ces difficultés ont débuté peu avant la mise en œuvre des premières réglementations européennes visant à adapter le secteur automobile au changement climatique. Depuis lors, le secteur manufacturier a ainsi vu sa production et ses capacités de production se réduire. Dans un contexte toujours difficile, nous prévoyons une nouvelle récession au 2nd semestre 2023.
L’économie française connait une dichotomie entre les ménages et les entreprises. Si la consommation et l’investissement des premiers ont diminué en volume (-1,4% et -6,6% au T2 par rapport au T4 2021), l’investissement des secondes a progressé (+6,7% entre le T4 2021 et le T2 2023). Cet élément et la réduction des contraintes sur la production de matériels de transport ont soutenu la croissance au T2 (0,5% t/t) et devraient continuer de le faire à moyen terme. Dans les prochains trimestres, la croissance serait contrainte par la baisse de la demande due, en particulier, à une épargne des ménages élevée.
Avec +4% au T3 et +5% au T2, les défaillances d’entreprises cumulées sur 3 mois ont été, pour le 2e trimestre consécutif, supérieures à leur niveau d’avant-Covid sur la même période, selon les données préliminaires de la Banque de France. En cumul annuel, l’industrie, l’hébergement-restauration et les activités immobilières font partie des secteurs où les défaillances sont plus élevées qu’avant-Covid. Au global, le phénomène risque de s’amplifier avec une proportion de liquidations judiciaires plus conséquente que par le passé et un nombre plus élevé de grandes entreprises et ETI concernées par des défaillances.
Les exportations allemandes de biens ont augmenté de 2,6% a/a sur les sept premiers mois de l’année 2023 par rapport à la même période en 2022, mais une destination habituelle manque à l’appel : la Chine (-8%).
Aux mois d’août et de septembre, les indicateurs économiques des principales économies de l’OCDE soulignent une détérioration à plus ou moins brève échéance. Les enquêtes sur le climat des affaires au Royaume-Uni et en zone euro – et, en particulier, en Allemagne et en France – signalent un affaiblissement déjà marqué de la conjoncture. Aux États-Unis, il est anticipé, notamment par les ménages. Il interviendrait, selon nos prévisions, à partir du 4e trimestre. Le Japon fait exception, avec le maintien du PMI des services à un niveau élevé.
Alors que l’Allemagne sort à peine d’une récession, enregistrée au 4e trimestre 2022 et au 1er trimestre 2023, les enquêtes de conjoncture soulignent le risque que le pays y retombe au 2nd semestre. La détérioration relevée par l’IFO est nette (85,7 en août, de retour à son faible niveau d’octobre 2022), tant dans l’industrie que dans les services.
Les premières données concernant le mois de juillet sont relativement bonnes (production manufacturière en hausse de 0,7% m/m). Néanmoins, les enquêtes de conjoncture pour la France soulignent une détérioration.
La croissance française a surpris à la hausse au 2e trimestre 2023. Dans le même temps, les marges des entreprises se sont redressées et leurs trésoreries sont restées favorables. Elles ont ainsi pu continuer à faire croître leur investissement, nonobstant des taux d’intérêt plus élevés. A contrario, la consommation et l’investissement des ménages se sont contractés. Pourtant, le revenu disponible brut des ménages a progressé et leur pouvoir d’achat est supérieur à il y a un an. Ces derniers ont préféré augmenter leur épargne financière, alors que la hausse des taux a pesé sur leurs investissements et leurs achats de biens durables : une épée de Damoclès qui pèse sur la croissance française, que nous anticipons à 0,5% en 2024.
Le 2e trimestre a été marqué par une nette réduction des créations d’emploi. Cette baisse peut sembler naturelle dans un marché du travail qui a rapidement effacé le choc lié à la Covid-19 et dans le contexte d’une croissance du PIB plus modérée (outre quelques exceptions, comme au 2nd trimestre 2023). Elle reflète toutefois la détérioration de certaines dynamiques sectorielles (dont le bâtiment) même si des évolutions plus favorables s’observent dans d’autres secteurs, l’industrie, notamment.
Le mois d’août 2023 marque un rebond de l’inflation en France qui tranche avec la désinflation observée lors des mois précédents. L’énergie est la première cause de ce rebond lié à la hausse du tarif réglementé de l’électricité et à l’augmentation des prix du carburant. A moyen-terme, la perspective du maintien d’une inflation énergétique positive devrait retarder la baisse de l’inflation en-deçà du seuil des 2%.
Au mois de juillet, la divergence est restée de mise entre les principales économies de l’OCDE. Les enquêtes de conjoncture ont montré des signes de ralentissement plus marqués en Europe qu’aux Etats-Unis, où divers indicateurs (ISM non manufacturier, enquêtes auprès des ménages) se sont même améliorés.
Les enquêtes de conjoncture se sont de nouveau détériorées, qu’il s’agisse de l’IFO (88,5 en juin contre 93,4 en avril) ou du ZEW (-14,7 en juillet contre 28,1 en février). La dynamique erratique des nouvelles commandes à destination de l’industrie, qui ont rebondi de 6,4% en mai (après un plus bas en avril 2023 depuis mai 2013), souligne l’une des contraintes à l’œuvre : l’irrégularité de l’activité dans les matériels de transport qui reste soumise à l’instabilité de ses approvisionnements.
La détérioration des enquêtes de conjoncture souligne une diminution de la demande (contraction des soldes d’opinion sur les carnets de commande globaux et à l’export), singulièrement dans l’industrie. Les secteurs les plus sensibles à la conjoncture (chimie, plastiques, métaux, emballage, commerce de gros, transport) subissent tous un repli marqué de leur indice synthétique de confiance.
Si la trajectoire du climat des affaires pouvait en mai laisser augurer une récession à venir, celle de juin est plus ambivalente. Certes, la nouvelle baisse de l’ISM manufacturier, à 46 en juin, a porté ce dernier à son plus bas niveau depuis la crise de 2008 (hors période de Covid). Le message de l’ISM non-manufacturier est toutefois clairement divergent avec un rebond à 53,9 en juin contre 50,3 en mai.
L’Allemagne a enregistré une récession technique au 4e trimestre 2022 (-0,5% t/t) et au 1er trimestre 2023 (-0,3% t/t) sous le poids notamment d’une contraction de la consommation des ménages (-1,7% puis -1,2%). Si cette récession n’a pas eu pour principale origine le cœur industriel de l’économie allemande, ce dernier a toutefois montré des signes de faiblesse qui l’ont empêché de croître davantage. Alors que la désinflation devrait permettre un rebond de la consommation des ménages au 2e trimestre, les enquêtes de conjoncture augurent toutefois d’une nouvelle détérioration au-delà, qui expose à nouveau l’économie allemande à un risque de récession au 2nd semestre.
Après un second semestre 2022 au cours duquel la croissance s’est singulièrement affaiblie, le 1er trimestre 2023 a marqué un rebond relatif, qui devrait se confirmer au 2e trimestre : un rebond plutôt concentré sur certains secteurs, principalement les matériels de transport et le tourisme. Toutefois, les enquêtes de conjoncture se sont dégradées depuis mars, pour atteindre des niveaux relativement bas, notamment dans l’industrie. Le logement résidentiel, les services aux entreprises ou les exportations sont autant de points de vigilance qui, cumulés, devraient avoir un impact négatif plus marqué au second semestre 2023 tant en termes de croissance que de créations d’emplois, qui persistent pour le moment.
Alors que l’on pouvait espérer que le reflux en cours de l’inflation soutiendrait plus nettement la confiance des ménages, celle-ci, et par voie de conséquence la consommation, reste contrainte. En cause : l’impact de la remontée des taux d’intérêt sur les intentions d’achats en France comme en Allemagne.
Au mois de juin, les principales économies de l’OCDE ont connu des évolutions divergentes qui posent la question du point de bascule entre une situation où la croissance se poursuit - avec des tensions inflationnistes qui nécessitent de poursuivre le resserrement monétaire - et une autre où elle ralentit davantage et où le reflux de l’inflation permet d’envisager la fin de la hausse des taux.
Les indicateurs du climat des affaires en Allemagne se sont dégradés ces derniers mois, que ce soit l’enquête IFO ou l’indice ZEW. Ce dernier se redresse légèrement en juin mais reste très négatif.
Les indicateurs de conjoncture français soulignent un essoufflement de la croissance. Ainsi, le climat des affaires de l’Insee dans l’industrie manufacturière (99) est passé en mai en deçà de sa moyenne de long terme rejoignant ainsi le commerce de gros (94) et le commerce de détail hors automobile (94).
L’activité économique britannique a rebondi de 0,2% m/m en avril. Ce redressement succède à une contraction de 0,3% m/m en mars. Il est à relativiser puisque le PIB mensuel reste inférieur de 0,1% au niveau atteint en janvier et février.
L'économie allemande a enregistré une récession avec un recul du PIB au 4e trimestre 2022 et au 1er trimestre 2023. Si la consommation des ménages a expliqué en majeure partie ce repli, la sous-performance de la croissance économique du pays depuis plus de 5 ans s’explique largement par celle de son industrie. Celle-ci subit davantage de contraintes qu’ailleurs en Europe, tant et si bien que - phénomène relativement nouveau dans l’histoire récente allemande - la taille de ce secteur s’est réduite. Une difficulté dont le pays n’est pas encore sorti et qui pourrait contribuer à entraîner une rechute de la croissance au 2nd semestre.
Les données relatives à la balance des paiements et à l’emploi des travailleurs étrangers permettent de relativiser l’idée, pourtant communément admise, que le Brexit aurait réduit l’attractivité du Royaume-Uni.Il est vrai qu’encore en mars 2023, une entreprise britannique sur quatre classait le Brexit parmi ses trois principales sources de préoccupation. Ce niveau est certes en baisse depuis 2019, mais il montre néanmoins que l’inquiétude ne s’est pas totalement résorbée
Le PIB néerlandais s’est contracté de -0,7% t/t au 1er trimestre 2023, après une croissance révisée à la baisse de 0,2 point de pourcentage, à +0,4% t/t au 4e trimestre 2022. Les causes de la contraction observée au 1er trimestre sont multiples.