Basée à Paris, la Direction des Études Économiques de BNP Paribas est composée d’économistes et de statisticiens :
Les Études économiques ont pour mission de répondre aux besoins des clients, des lignes de métiers et des fonctions de BNP Paribas en matière de recherche économique. Notre équipe d’économistes et de statisticiens couvre un nombre important de pays avancés, en développement et émergents, l’économie réelle, les marchés financiers et l’économie bancaire. Ce site, qui présente nos analyses, nos vidéos et nos podcasts, permet de partager le résultat de nos recherches avec tous ceux qui souhaitent mieux comprendre le contexte économique ou qui s’intéressent à des problématiques spécifiques.
+331 58 16 03 63 helene.baudchon@bnpparibas.com
La semaine écoulée (16-22 septembre) a été dense en réunions monétaires et en rapports d’inflation. Si la première baisse des taux directeurs de 50 points de base par la Réserve Fédérale américaine a été plus franche que ce que nous anticipions, le statu quo du côté de la BoE et de la BoJ est en ligne avec nos attentes. Avec une inflation ancrée sous les 3%, les taux d’intérêt réels des deux côtés de l’Atlantique demeurent largement en territoire restrictif. La modération attendue de l’inflation dans les services devrait inciter les banquiers centraux en Europe et aux États-Unis à poursuivre le desserrement monétaire au cours des prochains trimestres. La progression des salaires dans le secteur privé s’est légèrement accentuée aux États-Unis, tandis qu’elle a ralenti en Europe (page 27)
Si la date de la première baisse de taux de la Fed est désormais prévisible (ce sera lors du FOMC des 17-18 septembre), tout le reste demeure incertain : son ampleur ainsi que la teneur globale du cycle de baisses et son calendrier. L’évolution du marché du travail américain revêt une grande importance dans ce calibrage. Du côté de l’inflation, d’importants progrès ont été réalisés sur le front du retour à la stabilité des prix et ce, des deux côtés de l’Atlantique, mais la partie n’est pas encore totalement gagnée. Cela plaide pour la prudence dans la phase de détente monétaire qui s’amorce
Notre scénario central d’un décollage de la zone euro et d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine, confirmé par les derniers indicateurs disponibles, se caractérise par une convergence des taux de croissance. Il, pourrait, toutefois se trouver perturbé par les incertitudes politiques des deux côtés de l’Atlantique (issues incertaines des élections législatives anticipées en France et de l’élection présidentielle américaine). Par ailleurs, si la BCE a amorcé, comme attendu, son cycle de détente monétaire en juin, apportant un soutien opportun à la croissance, la Fed temporise encore. Ce prolongement du statu quo, même s’il paraît fondé pour l’heure, constitue un autre risque baissier
Si l’inconnue des résultats des élections européennes est désormais levée, leurs implications, en particulier l'issue des élections législatives anticipées françaises, restent incertaines. Notre scénario central d’un décollage de la zone euro et d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine, caractérisé par une convergence des taux de croissance, pourrait se trouver perturbé par les incertitudes politiques des deux côtés de l’Atlantique. La croissance bénéficie toutefois de facteurs de soutien et de résistance, au premier rang desquels les gains de salaires réels. Le bilan conjoncturel reste, pour l’heure, positif pour la zone euro : notre nowcast estime à +0,3% t/t la croissance du deuxième trimestre. C’est sur la poursuite de cette reprise que pèse une plus grande incertitude.
Dans les quatre zones couvertes (États-Unis, zone euro, Royaume-Uni, Japon), la progression des salaires se maintient au-dessus de l’inflation, ce qui soutient les gains de pouvoir d’achat des ménages mais contribue, Japon mis à part, à maintenir l’inflation dans les services à des niveaux élevés. Les indices de pressions sur les prix (page 19) et les prix à la production remontent modérément.
La réunion du 6 juin de la BCE, ainsi que la déclaration et la conférence de presse qui suivront, sont très attendues, non pas parce que l’issue est incertaine mais parce qu’elle devrait marquer le début du cycle de baisse de taux de la BCE. Quelques points à noter :
La désinflation sur les biens alimentaires et les biens manufacturés se poursuit, dans son ensemble, tandis que la déflation sur les prix de l’énergie s’est – à l’exception du Royaume-Uni- largement atténuée. Hormis au Japon, les indicateurs de pression sur les prix (côté offre) ont rebondi ces derniers mois (page 19) et la progression des salaires dépasse celle de l’inflation dans l’ensemble des zones couvertes (page 27).
Au premier trimestre, les États-Unis et la zone euro ont presque fait jeu égal en matière de croissance, avec, en rythme trimestriel, 0,4% pour les États-Unis et 0,3% pour la zone euro, selon les premières estimations. En glissement annuel toutefois, le bilan reste très nettement à l’avantage des États-Unis avec une croissance de 3% quand celle de la zone euro est de seulement 0,4%.
2024 devrait être l'année où la Réserve fédérale, la BCE comme la Banque d’Angleterre commenceront à baisser leurs taux directeurs, principalement pour accompagner la baisse de l’inflation. Le timing de la première baisse de taux reste toutefois incertain, de même que le nombre de baisses attendues. Les conditions d’une première baisse des taux en juin semblent en passe d’être réunies pour la BCE, qui, selon nos prévisions, précèderait ainsi de peu la Fed, dont la première baisse de taux est attendue non plus en juin mais en juillet. En outre, l’éventualité que la Fed ne baisse pas du tout ses taux cette année gagne en probabilité au regard de la résistance de la croissance et de l’inflation. Un tel statu quo monétaire de la Fed pourrait avoir plus de conséquences négatives que positives.
Les chiffres de l’inflation américaine au mois de mars, à nouveau plus élevés qu’attendu, ont eu raison de notre scénario d’une première baisse des taux synchrone, au mois de juin, par la Fed, la BCE et la BoE. Nous tablons désormais sur deux baisses de taux seulement pour la Fed en 2024 : la première en juillet et la seconde en décembre. L’éventualité que la Fed ne baisse pas du tout ses taux cette année gagne en probabilité. Du côté de la BCE, nous maintenons que la première baisse des taux interviendrait en juin mais nous écartons finalement la prévision d’une nouvelle baisse dès juillet pour retenir un scénario d’assouplissement plus progressif d’une baisse par trimestre (en juin, septembre et décembre). La BCE engagerait donc le cycle de baisse de ses taux avant celui de la Fed.
Malgré le rebond aux États-Unis, l’inflation continue globalement de marquer le pas dans les pays du G7 et dans l’ensemble de la zone euro. Au Japon, le maintien des prix à la consommation au-dessus des 2% restera compliqué à court terme, du fait de l’essoufflement des dynamiques de hausse observées cet hiver : l‘inflation a bien rebondi en février du fait d’effets de base, mais le 3m/3m annualisé est retombé à 1,3%. Côté services, la baisse de cette mesure de momentum est plus nette, à 0,4% seulement. L'augmentation historique des salaires accordée à l’issue du Shunto (5,3% au total, dont 3,7% en salaire de base) confortera néanmoins la BoJ dans sa démarche de normalisation (très progressive) de la politique monétaire
La courbe des taux américains entre le 10 ans et le 2 ans est inversée depuis la mi-2022, sans que l’économie américaine ne donne de signes clairs d’une récession imminente. Grâce à l’appétit actuel pour le risque, cela ressemble à un « faux positif », comme au milieu des années 1990.
La désinflation des prix à la consommation marque le pas en début d’année en Europe et aux États-Unis. Les effets favorables liés à la déflation des prix énergétiques s’estompant, l’inflation sous-jacente, toujours élevée, contribue désormais pour la quasi-totalité à la hausse des prix aux États-Unis. C’est moins vrai en zone euro et au Royaume-Uni, où l’inflation alimentaire contribuait encore pour près d’un tiers à l’inflation totale en janvier. Le reflux de l’inflation en 2023 a conduit dans toutes les zones à un recalage à la baisse des anticipations d’inflation des ménages à court terme (1 an) vers celles de long terme (5 ans)
L’inflation headline est restée stable ces derniers mois aux États-Unis, dans la zone euro et au Royaume-Uni tandis qu’elle a baissé au Japon. Le recul de l’inflation sous-jacente est, quant à lui, généralisé et il se poursuit. Les indicateurs agrégés de pressions sur les prix, calculés à l’aide des enquêtes PMI, continuent de se détériorer, sur fond d’allongement des délais de livraison lié aux perturbations actuelles sur le commerce maritime mondial. Les indicateurs PMI relatifs aux prix des intrants sont également en hausse aux États-Unis et au Royaume-Uni.
L’année 2023 s’est terminée sur une note d’espoir suscitée par les anticipations de baisses de taux et les signes de stabilisation, voire de redressement, des enquêtes de confiance. Cette note d’espoir ne s’est pas dissipée en ce début d’année 2024. Sauf nouveau choc, le retour de l’inflation à la cible de 2% apparaît en bonne voie. Il ouvre la voie à un début d’assouplissement monétaire attendu au deuxième trimestre. Cette double baisse, de l’inflation et des taux, et l’évolution encourageante de la plupart des données économiques nourrissent le scénario d’un soft landing. Les risques et les points d’attention ne manquent toutefois pas. Les tensions géopolitiques restent fortes et susceptibles de perturber ce scénario, notamment par leur impact inflationniste
Les Études Économiques de BNP Paribas vous souhaitent une excellente année 2024.Sur le plan macroéconomique, le pic des taux officiels atteint aux États-Unis et en zone euro aura été le fait marquant de 2023. Comment se profile 2024 ?Découvrez les sujets et points d'attention qui seront à suivre tout au long de l’année 2024 pour chaque équipe : Économie bancaire, OCDE et Risque Pays.
Le bilan des indicateurs conjoncturels publiés ces dernières semaines est mitigé. Dans la zone euro comme aux États-Unis, le signal avancé de la plupart des enquêtes de confiance du mois de décembre est encourageant. Mais il reste prématuré d’en conclure que le point bas a été atteint. Les créations nettes d’emplois salariés non agricoles aux États-Unis sont restées robustes en décembre. Mais l’écroulement de la composante emploi de l’enquête ISM dans le secteur non manufacturier interpelle à tout le moins. Les défaillances d’entreprises remontent. La situation économique reste également vulnérable aux tensions géopolitiques. Il n’y a en revanche pas matière à s’inquiéter du rebond de l’inflation en décembre. Et la dynamique apparaît plus favorable dans la zone euro qu’aux États-Unis.
L’inflation a regagné du terrain aux États-Unis et en zone euro au mois de décembre, passant respectivement de 3,1% à 3,4% et de 2,4% à 2,9% en glissement annuel (g.a.). Les points morts d’inflation (obligations à 10 ans) pour les quatre grandes économies de la zone euro ont toutefois reflué en dessous de celui des États-Unis. Le point mort a aussi baissé au Royaume-Uni, où le contexte inflationniste s’est amélioré, même s’il reste plus dégradé qu’ailleurs.
Les derniers chiffres d’inflation des principales économies développées ont permis d’alimenter le déclin des rendements obligataires et ont renforcé la conviction que des premières baisses de taux directeurs interviendront dans le courant du premier semestre 2024, aussi bien aux États-Unis, en zone euro qu’au Royaume-Uni.
L’inflation reste élevée mais, au regard des derniers chiffres publiés pour la zone euro, elle l’est nettement moins et même, à première vue, elle n’apparaît plus si éloignée que cela de la cible de 2%. Bien sûr, il reste encore du chemin à parcourir ; l’incertitude porte notamment sur la vitesse et la facilité avec laquelle le « dernier kilomètre » de désinflation sera parcouru, avant d’arriver à l’objectif de 2%. Il faut s’attendre à ce qu’il le soit lentement plutôt que rapidement, notamment parce que les effets de base favorables sur les prix de l’énergie vont moins jouer.
La consommation des ménages américains se situe, au troisième trimestre 2023, 10% au-dessus de son niveau d’avant la pandémie de Covid-19 quand celle des ménages français est à peine au-dessus (1%). Ce dynamisme outre-Atlantique s’appuie sur une évolution un peu plus favorable du pouvoir d’achat mais, surtout, sur une baisse du taux d’épargne. L’amélioration de la situation sur le marché du travail semble avoir eu plus d’impact de l’autre côté de l’Atlantique. Comme elle est en train de devenir moins favorable et que les ménages américains disposent d’un matelas d’épargne moins confortable pour amortir désormais l’impact du resserrement monétaire, la croissance américaine pourrait perdre un soutien important à l’horizon des prochains trimestres.
Hormis au Japon, l’inflation sous-jacente recule dans la plupart des économies avancées. Le repli est assez généralisé (produits alimentaires, habillement ou encore biens ménagers). Cette dynamique sous-tend nos prévisions qu’aucune nouvelle hausse de taux n’est à prévoir de la part de la Réserve fédérale (Fed), de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque d’Angleterre (BoE). Toutefois, au Royaume-Uni, le maintien des taux ne fait pas l’unanimité au sein du Conseil de politique monétaire (MPC) et une surprise outre-Manche n’est pas à écarter.
La température baisse sur le front de l’inflation en zone euro. À cette bonne nouvelle s’ajoute l’étonnante poursuite de la diminution du taux de chômage (6,4% en août contre 6,7% en début d’année). Mais ces évolutions positives sont contrebalancées par le climat plus frais aussi du côté de l’indicateur du sentiment économique de la Commission européenne (ESI).
Le cycle de hausses des taux touche à sa fin. La poursuite de l’affaiblissement de l’activité économique et de la baisse de l’inflation, que nous anticipons à l’horizon de la fin de l’année, devrait inciter la Fed, la BCE et la BoE à ne plus relever leurs taux directeurs. Un resserrement supplémentaire ne peut toutefois être écarté. Les hausses de taux ne seraient pas suivies tout de suite d’un assouplissement : pour continuer de lutter contre l’inflation, l’action monétaire passerait par le maintien des taux directeurs à leur niveau actuel jusqu’à la mi-2024 d’après nos prévisions. Les premières baisses de taux interviendraient alors pour accompagner le reflux plus net de l’inflation et neutraliser son effet haussier sur les taux directeurs réels
Aux États-Unis, l‘inflation sous-jacente a de nouveau baissé en août, tout comme la croissance des salaires. En zone euro, l’inflation headline est repassée, depuis juillet, légèrement en dessous de la mesure sous-jacente. La situation au Royaume-Uni reste la plus dégradée mais les dernières évolutions sont plutôt positives. Au Japon, le nouveau contexte inflationniste entraîne un réajustement à la hausse des anticipations de marché.