L’annonce, le 6 mars prochain, du budget de printemps par Jeremy Hunt constituera un jeu d’équilibriste pour le chancelier de l’Échiquier britannique. Il a la tâche difficile de devoir soutenir une économie dont l’activité patine et les besoins en investissement s’accroissent tout en parvenant à inverser la trajectoire du déficit public qui s’est détériorée en 2023.
Si le budget d’automne avait permis d’instaurer des allégements fiscaux notables, avec pour mesure de soutien la plus importante, la baisse du taux de cotisations sociales, cela a eu pour effet de réduire les marges de manœuvre du gouvernement. Selon les premiers résultats de l’ONS, le déficit public a atteint 4,8% du PIB en 2023, soit une hausse de près d’un point par rapport à l’an passé. L’augmentation des recettes fiscales et l'élimination progressive des mesures de soutien à l'énergie pour les ménages et les entreprises, ont en effet été plus que contrebalancées par une augmentation des dépenses sociales, ainsi que des hausses de salaires dans la fonction publique.
La crise sanitaire a marqué une véritable fracture dans l’évolution des comptes publics, que la crise énergétique et inflationniste a continué d’alimenter. Le ratio de déficit public au Royaume-Uni est aujourd’hui deux fois supérieur à son niveau de 2019.
La dette nette du secteur public britannique a ainsi dépassé les 3 000 milliards de livres sterling pour la première fois en octobre 2023, ce qui équivaut à près de 110 % du PIB national. L’exclusion de la dette rattachée à la participation de l’État dans le capital de Natwest permet d’obtenir une mesure assez comparable à celles utilisées par les voisins européens du Royaume-Uni : dans ce cas, le ratio s’élève à 98% du PIB à la fin de l’année dernière, en hausse de de 2 points par rapport à 2022.
Ces résultats doivent être lus à l’aune d’une situation économique défavorable pour l’économie britannique : l'activité a stagné en 2023, en hausse de seulement 0,1% sur la base des chiffres préliminaires de l’ONS. Ce résultat masque le fait que l’évolution du PIB réel s’est progressivement détérioré au cours de l’année, avec un repli sur les deux derniers trimestres, de 0,1% au T3 et 0,3% au T4.
Les effets importants du durcissement de la politique monétaire sur la situation financière des ménages et des entreprises, l'inflation élevée, les difficultés du secteur industriel et les obstacles liés au Brexit constituent toute une série d’obstacles conjoncturels et structurels pour l’économie britannique, qui, pour certains, perdureront en 2024.
Le discours de printemps devrait être la dernière grande échéance budgétaire avant les élections législatives, dont la date n’est pas encore fixée mais qui devraient, sauf surprise, se tenir au second semestre 2024. La réalité de la situation budgétaire dans le pays indique que le gouvernement ne pourra pas, à terme, faire l’économie d’une consolidation budgétaire. Mais avec un retard important dans les sondages du parti conservateurs face aux travaillistes, la tentation du gouvernement actuel d’appuyer sur la pédale budgétaire restera importante, ce qui reporterait d’autant plus la charge d’un redressement des comptes publiques sur le nouveau gouvernement élu.
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