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L’indice du climat des affaires de l’Insee s’est modérément replié au mois d’avril. Cela suggère que l’embellie du début d’année ne durera pas.
Dans l’ouest de l’Europe, le nombre de défaillances d’entreprises est revenu, au dernier trimestre 2022, à un niveau proche de celui atteint fin 2019. Cette remontée masque des disparités nationales. Le Royaume-Uni et la Suède l’ont entamée les premiers, l’affaiblissement de la croissance et le resserrement de la politique monétaire y étant plus précoces (et plus conséquents concernant le Royaume-Uni) qu’en zone euro. Au sein de cette dernière, le rebond des défaillances demeure partiel, mais il devrait se poursuivre.La situation des secteurs reflète ces différences. Ainsi, la hausse est quasi généralisée au Royaume-Uni et en Suède, notamment dans la construction et plus encore dans le commerce
Les signes d’un repli des prix des logements restent parcellaires. Après avoir enregistré une hausse soutenue durant toute l’année 2021, les prix des logements résidentiels dans les principaux pays européens ont continué de résister au resserrement des conditions de crédit au 4e trimestre 2022, à l’exception notable de la Suède et de l’Allemagne. Une généralisation des baisses de prix immobiliers en 2023 est une éventualité non négligeable au regard du dernier Bank Lending Survey (BLS) de la Banque centrale européenne portant sur les conditions d’octroi de crédit au 4e trimestre 2022.
L’Allemagne est le pays d’Europe de l’Ouest où la croissance du PIB a été la plus négative au 4e trimestre 2022 (-0,4% t/t). De plus, les indicateurs conjoncturels, bien qu’ils s’améliorent, sont restés relativement dégradés au début de l’année 2023. Une nouvelle contraction du PIB au 1er trimestre 2023 reste donc notre scenario central. Toutefois, des signaux plus favorables (pic d’inflation dépassé, réouverture de la Chine, réduction des tensions sur les approvisionnements dans l’automobile) pourraient engendrer un retour de la croissance à partir du 2e trimestre. Ceci transparait déjà dans la confiance des ménages, même si la faiblesse de la croissance en zone euro, depuis le 4e trimestre 2022, pourrait limiter l’intensité de cette reprise.
L’automne et l’hiver se sont mieux passés qu’initialement craint sur le plan énergétique. Cela a permis d’éviter une croissance négative au 4e trimestre 2022 (+0,1% t/t) et de faire naître un relatif optimisme, que traduit la remontée de l’indicateur du climat des affaires de l’Insee de décembre à février. Si un acquis de croissance plus favorable conduit naturellement à rehausser notre prévision de croissance pour 2023, celle-ci reste toutefois basse et témoigne de détériorations durables d’une partie de la demande, notamment l’investissement des ménages. De plus, si l’inflation devrait refluer, elle reste soutenue par les prix alimentaires avec un impact négatif sur la consommation des ménages.
L’économie britannique a évité la récession au 2nd semestre 2022, grâce à l’investissement des entreprises et à la consommation (publique et privée). Les chiffres d’inflation de février se maintiennent à un niveau exceptionnellement élevé, ce qui devrait éroder le pouvoir d’achat des ménages. La récession pourrait ainsi n’avoir été que reportée. Nous tablons désormais sur une contraction du PIB de -0,3% t/t au T1 puis de -0,2% au T2 2023. La Banque d’Angleterre (BoE) ne devrait pas relever son taux directeur au-delà d’une dernière hausse de 25 points de base en mars. Cela, et une désinflation qui irait en s’accélérant, permettrait un rebond de la croissance au 2nd semestre.
L’embellie du climat des affaires de l’Insee au mois de février ne s’est pas confirmée en mars, bien que, malgré son repli, il reste toujours supérieur à son niveau observé entre septembre 2022 et janvier 2023. Si l’enquête de mars souligne une désinflation à venir, ce recul reste relatif et n’est pas général. Dans le même temps, la demande des ménages continue de peser, avec la faiblesse confirmée du commerce de détail (hors commerce automobile) et la nouvelle détérioration du climat des affaires dans la construction.
Avec un pic d’inflation à l’automne dernier et la crainte de pénuries d’énergie pendant l’hiver, l’IFO avait atteint un plus bas en octobre 2022. Son redressement relève d’une normalisation, l’hiver s’étant mieux passé que redouté. Il ne permet néanmoins pas de conclure à autre chose qu’un rebond « technique » de l’activité après la mauvaise performance du 4e trimestre.
L’activité industrielle a connu un net rebond en janvier (+3,5% m/m), après un repli également notable en décembre (-2,4% m/m).
En février 2023, bien que dans une proportion moins marquée, le climat des affaires de l’Insee a rebondi d’1 point à 103, atteignant son niveau le plus élevé depuis août 2022.
Les défaillances d’entreprises ont connu un début de rebond en Europe de l’Ouest sur l’année 2022. Au Royaume-Uni et en Suède, où la croissance s’est détériorée dès début 2022, elles dépassent même leur niveau d’avant-Covid, avec une hausse plus marquée dans le commerce. En zone euro, les défaillances restent encore inférieures à l’avant-Covid, mais le resserrement en cours des conditions de crédit laisse craindre qu’elles ne se rapprochent de ce niveau en 2023. Ceci vaut aussi pour la France, où les conséquences négatives associées à ces défaillances pourraient être accrues : en effet, ces défaillances prennent la forme d’une liquidation judiciaire dans une proportion plus marquée qu’avant-Covid.
L’enquête de la Commission européenne sur la confiance des ménages fait état, depuis quatre mois, d’une amélioration très nette du côté des ménages allemands, portée par le redressement de leurs anticipations au regard de la situation économique. À l’inverse, la confiance des ménages français, déprimée, ne donne encore aucun signe de redressement. Leurs évaluations de la situation passée divergent également puisque celle de l’Allemagne s’améliore aussi, bien que dans une moindre ampleur.
En 2022, la contribution du commerce extérieur français à la croissance du PIB a été l’une des plus négatives de l’histoire (-0,8 point), sous le poids de trois détériorations.
Les indicateurs du climat des affaires témoignent d’une amélioration relative (par exemple, l’IFO a rebondi de 84,3 en septembre 2022 à 91,1 en février 2023), qui souligne une activité meilleure que prévu, notamment parce que les craintes d’une aggravation du choc lié à l’énergie ne se sont pas matérialisées. Ces indicateurs restent toutefois inférieurs à la normale, en cohérence avec une croissance négative du PIB allemand au 4e trimestre.
Selon l’Insee, le climat des affaires dans l’industrie française s’est révélé assez stable sur les derniers mois. Un affaiblissement a été observé dans les services, tout en restant graduel, l’indice passant de 107 en août à 104 en décembre 2022, avant de remonter à 106 en février 2023. Un tableau cohérent avec une croissance qui a ralenti, tout en évitant la récession.
L’amélioration concerne à la fois les services, l’industrie manufacturière et le commerce de détail automobile. Le bâtiment fait exception, dans un contexte de repli de l’activité dans le logement neuf. Les tensions inflationnistes devraient se renforcer dans le commerce de détail.
Le déficit de la balance commerciale (biens) devrait avoir atteint près de EUR 160 mds en 2022, contre EUR 85 mds en 2021. Cette forte dégradation s’explique en majeure partie par la hausse des prix des importations énergétiques.
La première estimation de la croissance du PIB au quatrième trimestre publiée par l'Insee le 31 janvier 2023 a surpris favorablement. On note toutefois une baisse de la consommation des ménages.
Les indicateurs du climat des affaires ont été marqués ces derniers mois par le poids du choc lié à l’énergie, ainsi que par les craintes que ce choc s’intensifie pendant l’hiver. Les difficultés liées au contexte international (avant la réouverture de la Chine) ont également pénalisé l’économie allemande.
La détérioration progressive du climat des affaires suggère un ralentissement de la croissance française, qui pourrait même avoir basculé en territoire négatif au 4e trimestre 2022, une contraction qui serait cohérente avec la baisse du solde d’opinion sur la production passée selon l’enquête de conjoncture dans l’industrie.
L’économie française fait face à la fois à des éléments négatifs et positifs. Le risque d’une récession est réel, tant l’accélération de l’inflation a pesé et continuera de peser sur la consommation des ménages. Pourtant, des éléments continuent de soutenir la croissance, en particulier le retour progressif des différents secteurs à leur production d’avant Covid. Si la plupart y est parvenue, l’industrie (et singulièrement l’aéronautique et l’automobile) reste confrontée à des obstacles élevés sur sa production. Que ces derniers se réduisent et la croissance pourrait surprendre à la hausse.
En France, les défaillances d’entreprises ont atteint 41 020 unités en 2022 selon l’estimation provisoire de la Banque de France. Sur l’ensemble de l’année, elles s’inscrivent en forte hausse par rapport à 2021 (+49%) mais elles restent inférieures de 20% à leur niveau de 2019.
Croissance, inflation, taux d'intérêt et taux de change
Le chiffre zéro devrait marquer la croissance française en 2023. L’acquis de croissance serait nul, une performance négative au 4e trimestre 2022 (imputable en partie à une nouvelle baisse de la consommation des ménages) annulant vraisemblablement la performance positive observée au 3e trimestre. La dynamique de croissance trimestrielle attendue en 2023 ne devrait pas apporter davantage. Une contraction du PIB est anticipée au 1er trimestre, principalement en raison d’une nouvelle hausse de l’inflation et d’un déstockage attendu de la part des entreprises. Le rebond, qui devrait intervenir à partir du 2e trimestre, ne ferait que compenser la baisse enregistrée au 1er trimestre. Une croissance annuelle moyenne à zéro donc, avec une période de récession atypique au tournant de l’année
L’indice de production du bâtiment défie les plus pessimistes. Il a atteint, en octobre, son meilleur niveau depuis janvier 2021, en hausse de 1,1% m/m et de 2,6% a/a, alors que les nouvelles commandes s’érodent. Toutefois, les carnets de commandes cumulés (8,7 mois selon l’Insee, proches du record historique de 9 mois) restent conséquents et leur mise en œuvre accuse un certain retard.