Les premières données concernant le mois de juillet sont relativement bonnes (production manufacturière en hausse de 0,7% m/m). Néanmoins, les enquêtes de conjoncture soulignent une détérioration. Le climat des affaires de l’Insee est certes stable à 100 depuis 5 mois (de mai à septembre), mais le secteur manufacturier est en deçà de 100 depuis
2 mois (99 en septembre) ; lui-même affecté notamment par la détérioration de l’indicateur relatif à la production récente (-6 en septembre et -4 en août contre +9 en juillet), en particulier dans le secteur des matériels de transport.
Si la tendance du climat des affaires est à la détérioration, elle est à l’amélioration pour la confiance des ménages, qui s’est redressée de quelques points ces derniers mois (à 85 en août, toujours 15 points en deçà de sa moyenne historique toutefois). L’embellie est cependant plus limitée du côté des intentions de dépenses. Ce faisant, les ménages continuent de beaucoup épargner (18,8% de leur revenu disponible brut au 2e trimestre), pas tant par précaution, car ils craignent peu le chômage (solde d’opinion à 16 en août contre 33 en moyenne historique), que parce que les taux élevés réduisent les opportunités d’achat immédiates.
Dans ce contexte, le rebond de l’inflation en août tombe mal (de 5,1 à 5,7% a/a selon la mesure harmonisée). Il provient de la composante énergie, dont la hausse mensuelle a atteint près de 7%, un chiffre voisin de ceux de mars, juin ou octobre 2022, lorsque cette évolution avait eu un impact sur la consommation. La désinflation reste de mise cependant, mais elle demeure inégalement répartie. L’inflation sur les biens manufacturés et sur les services, respectivement à 3,1 et 3% a/a en août, est pour l’une 1 pp en deçà de son niveau moyen sur les 12 derniers mois et pour l’autre proche de ce niveau.
Hormis les éléments exceptionnels liés aux matériels de transport qui ont soutenu la croissance au 2e trimestre, le reste de l’économie a plutôt connu une stagnation qui commence à se refléter dans les évolutions du marché du travail. Les créations d’emplois ont été plus modérées au 2e trimestre (21 000 contre 102 000 au 1er) et le climat de l’emploi de l’Insee s’est nettement réduit en août, à 102, toujours en zone d’expansion, mais cela indique que les créations de postes devraient encore faiblir au 2nd semestre.
Nous prévoyons que la croissance subisse un contrecoup au 3e trimestre et que le PIB recule de -0,2% t/t, après la bonne surprise du 2e trimestre (+0,5% t/t). Les exportations de matériels de transport, très élevées au 2e trimestre, devraient l’être un peu moins au 3e. De plus, le reste de l’économie témoignerait d’une dynamique proche de la stagnation. Un risque à la hausse existe toutefois, souligné par les différents indicateurs déjà publiés et synthétisé par notre nowcast (+0,2% t/t).
Stéphane Colliac (achevé de rédiger le 21/09/2023)