Les enquêtes de conjoncture japonaises restent globalement positives malgré des résultats contrastés pour le mois d’août : le PMI composite s’est redressé de 0,4 point à 52,6 mais l’Economy watchers survey a baissé de 0,8 point, retrouvant à 53,6 son niveau de juin. La tendance entre les secteurs manufacturier et non-manufacturier est marquée depuis plusieurs mois par une importante disparité entre les indicateurs : le PMI manufacturier se maintient en zone de contraction au mois d’août (49,6 pour le deuxième mois consécutif), un signal négatif qui corrobore la baisse de la production industrielle de -2,3% a/a au mois de juillet ; à l’inverse, le PMI des services a progressé en août atteignant 54,3 contre 53,8 au mois de juillet.
La confiance des ménages a baissé en août après plusieurs mois d’amélioration, un rétablissement qui ne s’est guère retrouvé dans les chiffres de la consommation privée qui a soustrait 0,4 point de pourcentage à la croissance du T2. Par ailleurs, les perspectives restent dégradées au regard de l’évolution des salaires réels, qui évoluent toujours en territoire négatif : le renforcement de la hausse des salaires nominaux ces derniers mois n’est pas encore suffisant pour dépasser l’inflation.
Bien que l’inflation fléchisse légèrement – à la faveur de la contribution négative des prix de l’énergie – elle se maintient à un niveau élevé pour le pays (3,3% a/a en juillet), comme l’illustre la couleur rose foncé dans la carte thermique ci-contre. L’inflation sous-jacente (hors produits frais et énergie) est plus élevée encore : elle a atteint 4,3% a/a en juillet, et elle dépasse 4% depuis le mois d’avril. La hausse des prix des produits alimentaires (incluant les produits frais) contribue de manière disproportionnée à l’inflation japonaise (2,3 points de pourcentage). Au regard de ces chiffres et du recul important du yen depuis le mois de juillet, maintenir la politique monétaire expansionniste semble de plus en plus difficile pour la Banque du Japon. Néanmoins, nous ne prévoyons pas la fin de la politique de contrôle des taux d’intérêt avant le printemps prochain.
La croissance japonaise devrait atteindre un rythme relativement élevé en 2023 (+2,0% en moyenne annuelle) grâce à un acquis de croissance très favorable au T2 qui permettra de masquer un second semestre bien moins dynamique. L’économie japonaise devrait, en effet, subir les effets négatifs des pénuries persistantes de main d’œuvre (indice de l’enquête Tankan sur les conditions d’emploi à -20 dans le manufacturier et à -40 dans le non-manufacturier au T2) et du ralentissement économique chinois. Après la forte hausse du PIB au T2 (+1,2% t/t), un contrecoup est également prévisible : nous anticipons un tassement de la croissance à +0,1% t/t au T3.
Guillaume Derrien (avec l’aide de Nassim Khelifi, stagiaire). Achevé de rédiger le 20/09/2023