La croissance au deuxième trimestre 2023 a surpris favorablement, avec une hausse du PIB réel de 0,2% t/t, portée par l’investissement des entreprises, et en particulier par les dépenses en équipements de transport. Néanmoins, les signes de dégradation de l’activité se multiplient et s’étendent à l’ensemble des secteurs. Le PMI composite a reculé sous la barre des 50 en août, à 48,6. Si la baisse dans le secteur manufacturier s’amplifie mois après mois, l’indice atteignant 43,0 en août, le décrochage dans les services est plus récent et inquiétant : l’indice a perdu 2 points, à 49,5. Les ventes au détail restent sur une pente descendante et la consommation finale des ménages, bien qu’en hausse de 0,8% t/t au T2, n’a toujours pas retrouvé son niveau d’avant-Covid.
Le maintien d’une telle dynamique de la consommation privée, face à la hausse des taux d’intérêt et à la dégradation du marché du travail, semble peu probable. Le taux de chômage (3m/3m), qui avait atteint son point le plus bas en août 2022, à 3,5%, est remonté à 4,3% en juillet 2023. La progression des salaires reste certes très soutenue (+8,0% en glissement annuel en juillet) mais elle suffit tout juste à compenser la hausse de l‘inflation. Cette dernière, bien qu’en recul, s’établissait encore à 6,7% a/a en août. Par ailleurs, plus de 50% des biens et services pris en compte dans l’IPC affichaient une inflation supérieure à 6% en août, un chiffre en léger repli par rapport au mois précédent, qui constituait un record (cf. Baromètre de l’inflation de septembre 2023, BNP Paribas).
Le ralentissement de l’inflation et de l’activité a encouragé la Banque d’Angleterre à maintenir le taux directeur inchangé à 5,25% en septembre. Le vote était néanmoins très serré avec quatre membres du comité sur les dix en faveur d’une hausse de 25 pb à 5,5%. Le scénario d’une récession reste notre prévision centrale pour le premier semestre 2024, avant un léger redressement de l’activité lié à l’enclenchement du cycle de baisse des taux directeurs à partir du T2 2024. La hausse des taux d’intérêt pèse, par ailleurs, de plus en plus fortement sur le secteur de l’immobilier résidentiel. Le sondage RICS montre un décrochage de l’activité et des prix sans précédent depuis la crise financière de 2008, si l’on exclut les périodes de confinement.
Guillaume Derrien (achevé de rédiger le 21/09/2023)