Le ralentissement de l’activité au second semestre 2023 devrait être contenu : la croissance du PIB réel fléchirait seulement, passant de +0,4% t/t au T2 2023 à +0,3% t/t au T3, et +0,2% t/t au T4. La détérioration des enquêtes PMI se poursuit aussi bien du côté du secteur manufacturier (46,5 en août) que de celui des services (49,3). Mais la consommation privée résiste grâce à un marché de l’emploi toujours en expansion et à une confiance des ménages qui se redresse depuis le printemps. Les créations d’emplois ont néanmoins décéléré, en lien avec le ralentissement de l’activité. Les risques baissiers sur l’activité restent par ailleurs importants, les effets de la hausse des taux d’intérêt conduisant à un recul de plus en plus net du crédit aux ménages et aux entreprises.
Après des mois de baisse attribuable au recul des prix de l’énergie, l’inflation est repartie à la hausse cet été, passant de 1,8% a/a en juin à 2,6% a/a en août. Si l’Espagne reste l’un des pays de la zone euro où l’inflation est la moins élevée, celle-ci devrait poursuivre sa remontée au cours des prochains mois : l’augmentation du prix du pétrole devrait renchérir les prix des carburants, qui ont déjà bondi de plus de 5% sur un mois en août. Par ailleurs, les pressions inflationnistes du côté des services ne refluent pas : hors loyers, la hausse annuelle de l’IPC baisse très légèrement de 4,8% à 4,7% mais le 3m/3m annualisé grimpe à 5,8%, le rythme le plus élevé depuis plus de 20 ans. Les salaires progressent modérément (3,4% en glissement annuel en août selon les accords de branches communiqués par le gouvernement) ; cela suffit jusqu’à présent à rétablir légèrement le pouvoir d’achat des ménages.
Avec une croissance du PIB réel désormais anticipée à 2,2% sur l’ensemble de 2023, l’Espagne resterait cette année encore l’un des moteurs de la zone euro pour laquelle nous prévoyons une croissance de 0,6%. Par ailleurs, l’INE a mis à jour le 18 septembre dernier les données de comptabilité nationale pour la période 2020-2022. Elles ont conduit à des révisions à la hausse notables de la croissance du PIB pour 2021 et 2022 (et une légère remontée pour 2020). L’accroissement pour ces deux années passe respectivement de 5,5% à 6,1% et de 5,5% à 5,8%. Ce rehaussement permet de réconcilier un peu plus les statistiques de PIB avec le dynamisme de l’emploi. Ces changements mettent en lumière les difficultés auxquelles sont confrontés les statisticiens pour évaluer précisément l’activité durant la pandémie et les mois qui l’ont suivie.
Guillaume Derrien, achevé de rédiger le 21/09/2023