Après avoir bien résisté, les enquêtes PMI dans les services se détériorent plus significativement. L’indicateur a perdu 3 points en août pour atteindre 47,9, son plus bas niveau depuis février 2021. Les sous-indices portant sur l’emploi et les nouvelles créations d‘entreprises ont, en particulier, nettement reculé. Du côté du secteur manufacturier, le PMI a légèrement progressé (+0,8 point, à 43,5) mais indique toujours un recul important de l’activité industrielle. Cette dernière a baissé depuis le début de l’année, moins fortement néanmoins que suggéré par les enquêtes auprès des entreprises. L’activité dans les industries affectées le plus durement par la hausse des prix de l’énergie (chimie, métallurgie) s’est contractée significativement. Cela a été en partie compensé par un rebond de la production d’équipements de transport. La faiblesse de la demande freine, toutefois, de plus en plus la production des entreprises selon l’enquête trimestrielle de la Commission européenne. Simultanément, les pénuries en matière d’offre (équipements, main d’œuvre) se réduisent quelque peu mais demeurent importantes.
Ces perspectives moins encourageantes du côté des entreprises ne se reflètent pas, pour le moment, dans la confiance des ménages qui évolue depuis près de deux ans inversement à l’inflation. La confiance s’est donc redressée au cours des derniers mois, en ligne avec le ralentissement des prix à la consommation. L’inflation harmonisée (IPCH) est redescendue à 5,2% en glissement annuel en août, un rythme marginalement inférieur à celui de l’inflation sous-jacente (5,3% a/a). La baisse de l’inflation headline commence néanmoins à marquer le pas, après plusieurs mois de reflux permis par la déflation énergétique qui s’estompe désormais.
Le marché du travail en zone euro faisait encore preuve de résistance en juillet, avec un taux de chômage stable à 6,4%. Nous ne prévoyons pas de récession en zone euro mais une stagnation de l’activité au second semestre, suivie d’une légère reprise au cours de l’année 2024. À 0,6% en moyenne annuelle en 2023, notre prévision de croissance est similaire à celle de l’OCDE (en date du 19 septembre) mais légèrement inférieure aux projections de la BCE (0,7% en date du 14 septembre) et de la Commission européenne (0,8% en date du 11 septembre). Comme en 2022, les dynamiques resteront contrastées entre les pays de la zone euro en 2023. L’Allemagne et, dans une moindre mesure, la France devraient tirer les chiffres de croissance vers le bas, tandis que l’Italie, et surtout l’Espagne, en seraient les principaux soutiens.
Guillaume Derrien (achevé de rédiger le 20/09/2023)