L’économie italienne connait des développements ambivalents mais devrait bénéficier de la diminution en cours de l’inflation.
Le PMI composite s’est affaibli à 48,2 (-0,7 pp) au mois d’août sous l’effet d’un net recul de l’indice dans le secteur des services, lequel est entré en zone de contraction pour la première fois de l’année 2023 (49,8, -1,7 pp). Le secteur manufacturier reste pour le cinquième mois consécutif en zone de contraction, en dépit d’un léger redressement en août (45,4 soit +0,9 pp). L’amélioration des conditions de production (délais de livraison, prix des intrants) ne s’est pas accompagnée de meilleures perspectives ou d’une production plus importante – ce que reflète la diminution de la valeur ajoutée produite par le secteur depuis quatre trimestres selon les données trimestrielles des comptes nationaux.
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Le marché du travail se révèle, pour le moment, résistant au ralentissement économique. Le taux de chômage atteignait, en juillet, 7,6% de la population active (-0,3 pp depuis le début de l’année), malgré un mois statistiquement décevant (+0,1pp). Si le taux de chômage est nettement en deçà de son niveau pré-Covid, des faiblesses structurelles demeurent, à l’image du différentiel de taux d’emploi et taux d’activité entre hommes et femmes (environ 18pp dans les deux cas). La croissance du salaire horaire de base a fléchi à +3,2% a/a en juillet (-0,1pp), mais elle permet néanmoins de réduire l’écart avec la hausse des prix.
Au rang des bonnes nouvelles, l’inflation a ralenti de façon notable au cours de l’été, la hausse de l’indice des prix harmonisé (IPCH) passant de 6,7% a/a en juin à 5,5% en août et rejoignant ainsi la moyenne européenne (5,2% a/a, alors que le différentiel était monté jusqu’à 3,1 pp en décembre 2022). Ces développements positifs sont renforcés par une inflation sous-jacente (4,0% a/a en août) nettement plus basse que dans l’ensemble de la zone euro (5,3% a/a). L’inflation italienne devrait s’établir au plus près de la cible de 2% durant le T4 2023.
Cela devrait soutenir la confiance des ménages qui, après s’être légèrement repliée cet été (106,5 en août, -2,1 pp par rapport à juin), demeure néanmoins au-dessus de son niveau moyen des 12 derniers mois (100,7), ce qui contraste avec l’orientation baissière du climat des affaires (97,8 en août, -1,3 pp).
In fine, la conjonction d’un recul de l’investissement (-1,8% t/t) et d’une consommation des ménages en berne, dans l’environnement de taux et de prix actuels, a conduit à une contraction du PIB au T2 (-0,4% t/t), amplifiée par la contribution négative de la dépense publique (-1,6% t/t). Après le bon chiffre du T1 (+0,6% t/t), il peut s’agir d’un contrecoup technique qui, lui-même, ouvre la voie à un rebond au T3 qui permettrait au pays d’échapper à une récession technique.
Anis Bensaidani (achevé de rédiger le 20/09/2023)